Les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes (HSH) qui utilisent l’Internet pour trouver des partenaires sexuels, ne s’identifient pas toujours comme gays, soit pour assouvir un fantasme soit pour faciliter les rencontres sexuelles anonymes. C’est le cas d’un HSH sur 10. Cette photographie sur la santé sexuelle de partenaires de même sexe, présentée dans la revue Psychology of Sexual Orientation and Gender Diversity de l’American Psychological Association, a d’évidentes implications en épidémiologie, sociologie et prévention.
Les sites et communautés de rencontre en ligne, fréquentés par 30% de la population dans les pays développés, deviennent un terrain d’étude privilégié pour explorer les facteurs en santé sexuelle. Les Prs Eric Schrimshaw, de l’Université Columbia et Martin J. Downing, du National Development and Research Institutesdes montrent ici que les HSH utilisent l’Internet pour trouver des partenaires sexuels non identifiés comme gays(NGI), c’est-à-dire, hétérosexuels, bisexuels, mariés ou tout simplement curieux.
Pour pouvoir mieux comprendre le comportement de ce groupe d’hommes recherchant des hommes « NGI », les chercheurs ont examiné 1.200 annonces personnelles sur Internet et décortiqué 282 annonces pour comparer plusieurs types d’annonces, la recherche d’hommes NGI et ou la recherche d’hommes s’identifiant comme hétérosexuels mais recherchant des HSH et des annonces témoins.
Dans un cas sur 10, on ne s’identifie pas, le ton de l’annonce suffit :
· 11% des annonces concernent la recherche de partenaires NGI
· Leurs auteurs sont plus susceptibles de s’auto-identifier comme bisexuels ou mariés à la recherche d’une rencontre discrète.
· Mais seule une annonce sur 4 de recherche de rencontre avec NGI est publiée par un NGI.
· Cela suggère que la perception de l’annonce, comme plus masculine, avec une connotation de domination, parle d’elle-même.
L’usage du préservatif n’est que rarement mentionné :
L’analyse révèle que,
· les annonces de recherche de NGI mentionnent bien plus rarement la condition d’utilisation du préservatif que les annonces de rencontre en général (15% vs 33%),
· et sont même bien moins nombreuses à en évoquer l’usage (42% vs 66%)
· suggérant une incidence plus élevée, chez ce groupe d’hommes de comportements sexuels à risque.
L’usage du préservatif est écarté plus fréquemment pour le « sexe oral »:
· Si les annonces à la recherche de partenaires NGI pour une pratique du sexe anal sans préservatif sont un peu plus rares (1% vs 2%-en pop.générale-),
· elles sont plus fréquentes pour le sexe oral (14 % vs 5 %).
Une donnée utile pour le ciblage de la prévention de certaines IST, notent les auteurs. D’autant, ajoutent-ils que les hommes ayant des caractéristiques « dévalorisantes » comme un âge plus avancé, un surpoids, pourront être plus vulnérables à ces situations à risque.
En conclusion, des implications en santé sexuelle qui documentent l’existence et l’importance d’un sous-groupe d’hommes spécifique, qui recherche des rencontres sexuelles avec des hommes sans s’identifier comme gays, avec une faible importance donnée à la sexualité sans risque et qui peuvent constituer une cible spécifique pour certaines interventions de prévention.
Source: Psychology of Sexual Orientation and Gender Diversity Mar 2014, 30-39. doi: 10.1037/sgd0000022 Self-presentation, desired partner characteristics, and sexual behavior preferences in online personal advertisements of men seeking non-gay-identified men (Visuel © photka – Fotolia.com)
Lire aussi : SOCIÉTÉ: Les rencontres en ligne, pour qui ça marche? –
SOCIÉTÉ: Les études déterminent la rencontre du partenaire sexuel et du conjoint -