ROME INCONTESTABLEMENT SUPÉRIEURE A MILAN
La série positive de Milan s’est terminée là où elle avait commencé : à l’Olimpico de Rome. La défaite était amplement prévisible en considérant la différence de niveau entre les deux équipes comme le prouve cruellement le classement. La Roma a un jeu, de la personnalité et une attitude irréprochable. En face, Milan continue à montrer tous ses défauts lorsque l’adversaire est de valeur. Il s’agit de la preuve la plus éclatante du déclin du club, incapable de rivaliser avec les grosses cylindrées de Serie A.
L’équipe de Seedorf avait peu de possibilités de s’en sortir indemne de l’Olimpico et elle les a très mal joué, avec notamment une attaque stérile : Milan a été incapable d’inquiéter sérieusement la Roma. Les Rossoneri se sont défendus correctement durant une mi-temps avant laisser Pjanic se promener dans la défense et marquer le but fatal. Entre quelques choix discutables de Mister Clarence, des difficultés collectives et des individualités décevantes, Milan n’avait aucune chance d’obtenir des points.
En effet, une prestation normale a suffit à la Roma pour s’imposer 2-0. Sans forcer. La Roma est trop forte pour ce Milan qui a progressé mais est encore fragile et instable. Le résultat est logique et c’est ce qui est le plus triste. Ce Milan est clairement inférieur à au moins 3-4 équipes de Serie A et les résultats sont là pour le démontrer.
COURSE A L’EUROPA LEAGUE : LE DERBY A TOUT PRIX
La qualification à la prochaine Europa League était déjà difficile et tout le monde était conscient que le moindre faux pas aurait pu la compromettre. Si la défaite à Rome n’est pas décisive, elle l’est pratiquement. Après son match nul contre Naples, l’Inter a 6 points d’avance : un avantage énorme. Aujourd’hui, Parme a la possibilité de passer à +3 (+4 en considérant les confrontations directes) avec ensuite un calendrier léger, alors que Lazio, Torino et Verona opposés à Livorno, Udinese et Catania pourraient repasser devant Milan.
Même si la situation sera un peu plus claire dans quelques heures, cela ne change rien à l’AC Milan, qui doit maintenant remporter les trois derniers matches contre Inter, Atalanta et Sassuolo. Cela pourrait ne pas suffire pour atteindre la 6° place, et c’est peut-être mieux ainsi, mais les Rossoneri ont le devoir de faire le maximum. Alors que la victoire manque depuis 2011, le derby devient LE match à gagner.
DESTIN DE CLARENCE SEEDORF
Le premier derby de Seedorf comme entraineur pourrait aussi être son dernier. Mister Clarence est plus que jamais sur la sellette. Il l’était déjà avec 5 victoires consécutives, comment pourrait-il ne pas l’être après une défaite cuisante (et prestation négative) qui pourrait couter l’Europa League?
A Rome, tout est allé à l’encontre de l’entraineur milanais. A commencer par ses choix qui ont mis en évidence ses problèmes avec le noyau italien : Honda a été préféré à Poli, qui aurait mieux aidé un Montolivo en grande difficulté et aligné par manque d’alternative (et / ou par obligation?). Pleinement récupéré, Abate est resté sur le banc de touche aux côtés de De Sciglio, mécontent de ne plus pouvoir jouer à gauche où il préfère et où il a gagné sa place en Nazionale.
Sans parler de Pazzini, très peu utilisé et de Balotelli qui a déroulé tout son répertoire de bad boy : en plus d’avoir très mal joué, il s’en est pris à tout le monde : l’arbitre, ses adversaires, ses coéquipiers à qui il a élégamment distribué des « vaffa… », Seedorf lors du changement (« Pourquoi moi? Et Honda? Et Honda? » : bonjour le respect des rôles et des coéquipiers) pour terminer avec les consultants Sky qui pour lui ne connaissent rien au foot lorsqu’ils lui font remarquer qu’il court très peu (comparé aux grands attaquants).
Alors que la situation du vestiaire semblait calme, tout a explosé au grand jour et est retombé sur Clarence, qui semble avoir trop de divergences avec les dirigeants (qui se taisent parce qu’ils ne veulent ni le défendre ni empirer la situation) et l’équipe pour espérer continuer. Le silence de Galliani et de Berlusconi donnent l’impression d’un Seedorf seul et livré à lui-même, harcelé par la presse et complétement lâché par ses supérieurs.
QUEL FUTUR POUR CE MILAN?
Si le présent est déprimant, le futur est effrayant. Milan est englué dans une guerre intestine. Il n’y a aucune prise de position concernant Seedorf, qui semble destiné à sauter en fin de saison. Un peu par sa faute (communication, attitude, gestion du groupe…) mais surtout car il a été choisi par Berlusconi et ne plait pas à Galliani ni aux joueurs médiocres qui voient arriver la fin de leur aventure à Milan.
L’AC Milan est l’otage du parachute doré pharaonique qu’il doit à son administrateur délégué, des guerres internes et d’une crise économique qui semble avoir touché uniquement Milan parmi les grands clubs européens. Barbara Berlusconi tente tant bien que mal à faire avancer un club paralysé à tous les niveaux. Son père lui, s’enfuit dans le silence.
Le propriétaire ne donne aucune ligne directive, laisse « son » Milan (et « son » entraineur) se faire attaquer par toute la presse. Il ne dit rien sur les « achats » effectués ni ceux à venir, rien sur les éventuelles (ou probables?) ventes des meilleurs joueurs, rien sur la stratégie, rien sur le budget, les ambitions, sur les dirigeants qui s’occuperont du mercato, rien, rien, rien. Jusqu’à ce qu’il ne dira rien, tout est possible, chaque solution est plausible, n’importe quelle idiotie devient crédible et chaque sentiment de colère, abandon et tristesse des tifosi est compréhensible.
Le silence de Berlusconi peut signifier tout et n’importe quoi. En attendant il ne provoque que le chaos au sein de l’AC Milan. Qui sera l’entraineur? Seedorf? Qui s’occupera du mercato? Galliani? Qui choisira les joueurs? Comment se fait-il que Milan n’ait pas encore de directeur sportif alors qu’il serait déjà temps de programmer la prochaine saison?
Milan se fait battre par Juventus, Roma, Naples, Inter et Fiorentina : en gros toutes les « confrontations directes ». Le problème n’est pas nouveau et est indiscutablement lié à la qualité de l’effectif, objectivement inférieur à celui des adversaires.
Pour inverser la tendance, il faut du temps, beaucoup d’argent et la volonté de reconstruire un Milan compétitif.. Ce n’est pas difficile à comprendre que Milan aurait besoin d’une révolution, de modifier l’équipe en profondeur en vendant les joueurs peu adaptés et réinvestissant sur d’autres qui ont le potentiel pour évoluer à Milan. Mais ce sera difficile (pour ne pas dire impossible) en sachant qu’il n’y aura pas d’investissements importants car Galliani ne sait pas vendre, empile les gros contrats et les finances sont encore difficilement soutenables. Alors où va-t-on? Quand et comment la chute de l’Empire Rossonero se terminera-t-elle? Si Berlusconi ne répond pas, qui peut le faire?