Bill Viola, exposition au Grand Palais, à Paris

Bill Viola nous invite à attendre. Dès la première vidéo, on attend que quelque chose se passe. Et un homme se jette au-dessus de l’eau du bassin dans la forêt, mais ne tombe pas : son image reste figée tandis qu’au sol, les ondes continuent de bouger, les feuilles aussi dans les arbres, et son image s’effacera progressivement, laissant place à des reflets dans l’eau, jusqu’à ce que l’homme sorte, nu, du bassin et parte dans le chemin du sous-bois. Cela dure 7 minutes. Un baptême. Il y a du mysticisme chez Bill Viola. C’est sans doute pourquoi l’eau, le feu y sont si présents, eux qui purifient, qui produisent une forme d’élévation. Il y a aussi une quête d’éternité, d’immortalité, plusieurs fois affichée. Mais, si je fais abstraction de cette dimension mystique, j’éprouve un profond plaisir dans la contemplation, le temps étant ici une conquête, tous les mouvements étant ici ralentis, nous situant hors de l’agitation de la ville. Et, quand l’agitation semble prendre le dessus, elle provoque un véritable déluge explosant porte et fenêtres et balayant les corps d’hommes et de femmes sur son passage. Tandis qu’une procession dans la forêt (qui me rappelle des images à la fin d’un film d’Audrey Fouché, Memories Corner) continue inlassablement.

Et je reviens dans une salle où les chemins de deux hommes, un père et son fils, se croisent, et les chemins de deux femmes se rejoignent après une longue marche. J’avais vu, il y a quelques années, à l’église St Eustache, à Paris, une Visitation, du même Bill Viola, dont j’avais alors apprécié la lenteur, les drapés, l’accueil, qu’il me semble avoir retrouvés ici.

Avec un smartphone, en téléchargeant l'application "Grand Palais ArtScan", on peut atteindre des extraits des vidéos en scannant les images du catalogue, ce qui rend la lecture interactive.