Claude Roiron, candidate PS. (photo JCH)
Si les instituts de sondage ne se trompent pas (aux élections municipales plusieurs d’entre eux se sont méchamment plantés notamment à Marseille) la participation des Français aux prochaines européennes du 25 mai va être catastrophique. Il y a six ans, 41 % des Français avaient rempli leur devoir de citoyens. Il apparaît dans les projections actuelles que seuls 35 % d’entre eux sont certains d’aller déposer un bulletin dans l’urne. Et parmi eux seuls 18 % des 18-25 ans alors que l’Europe est quand même faite pour eux et leur avenir. Mais pourquoi donc cette indifférence ou cette défiance vis-à-vis de l’Europe ou plus exactement vis-à-vis du Parlement européen puisque c’est de lui qu’il s’agit. Car le 25 mai, les électeurs éliront les parlementaires de Strasbourg ; La gravité de ce geste ne devrait échapper à personne. Chacun devrait avoir conscience que son bulletin de vote pèsera sur le sort de la nouvelle Europe. Les 770 et quelques députés des 28 pays de l’Union européenne ont, cette année pour la première fois, un rôle extrêmement important puisque le Parlement européen va élire le prochain président de la Commission européenne. Pour qu’on comprenne bien de quoi il s’agit, je rappelle que le parlement est doté de compétences diverses (1) à côté des autres institutions.Le rôle des autres institutions La Commission européenne est un organe indépendant des États doté de pouvoirs importants. Elle représente et défend les intérêts de l’Union dans son ensemble. Elle présente des propositions législatives. Elle veille à la bonne application des politiques et exécute le budget de l’UE.
Le Conseil ou Conseil des ministres, ou – depuis le traité de Maastricht – Conseil de l’Union européenne, partage le pouvoir législatif et budgétaire avec le Parlement européen et conclut les accords internationaux au nom de l’UE. Il réunit les représentants de niveau ministériel de chaque État membre qui siègent en 10 formations compétentes par domaine d’activité (Agriculture et pêche, Affaires économiques et financières, Justice et affaires intérieures…).
Ces institutions permettent à l’Europe de fonctionner. Mais le principal reproche fait à l’Europe est d’être trop éloignée des préoccupations des citoyens. Ces derniers ont le sentiment que l’Europe se construit sans eux ou contre eux. Comme le plupart des hommes et des femmes politiques (Marine Le Pen à l’extrême droite, Jean-Luc Mélenchon à l’extrême gauche) accusent l’Europe d’être principalement responsable de tous nos maux (chômage, austérité, politique monétaire) on oublie facilement que l’Europe nous a apporté un bien aussi précieux qu’essentiel, la paix, et qu’elle est un élément essentiel de l’économie mondiale. Ce qui n'empêche pas de tenter de mettre fin aux dérives du libéralisme à tout crin déployé ces dernières années.
En discutant avec un ami aux convictions européennes bien ancrées, il m’affirmait que l’élection des députés européens avait, finalement autant, sinon plus, d’intérêt que l’élection présidentielle française. Je ne sais pas si nous en sommes à ce stade mais elle mérite mieux que les 35 % de participation annoncée surtout si c’est le Front national qui arrive en tête de l’élection. On sait que Marine Le Pen veut saboter le projet européen et saborder l’Euro (trop fort au demeurant) pour se replier sur nos frontières. Il y a mieux à faire que refuser, rejeter, démolir. Il faut poursuivre la construction de l’Europe, une Europe sociale, solidaire, harmonisée, inventive réellement au service des peuples.
(1) Les compétences du Parlement européen : Des compétences législatives : il participe à l’adoption des actes juridiques aux côtés du Conseil (Conseil des ministres). Si le pouvoir d’initiative concernant les propositions d’actes reste réservé à la Commission dans la procédure législative ordinaire, le Parlement peut lui demander de soumettre les propositions de textes qui lui semblent nécessaires. Le traité de Lisbonne a aussi accru ses compétences en étendant le domaine d’application de la procédure législative ordinaire ; Des compétences budgétaires : il établit, avec le Conseil, le budget annuel de l’Union. Le traité de Lisbonne a étendu ses prérogatives en matière de dépenses grâce à la disparition de la distinction entre dépenses obligatoires – déterminées par les traités ou par des actes arrêtés en vertu de ceux-ci – sur lesquelles le Conseil avait le dernier mot –, et dépenses non obligatoires sur lesquelles le Parlement avait le dernier mot. Des compétences de contrôle de l’exécutif de l’UE : le Parlement dispose de moyens de contrôle. Il peut censurer la Commission qui doit alors démissionner. Le président de la Commission est élu par le Parlement et le choix des autres membres de la Commission est soumis à son approbation. Il peut aussi poser des questions écrites ou orales au Conseil et à la Commission, recevoir des pétitions émanant des citoyens européens, constituer des commissions temporaires d’enquête. Il dispose d’un droit d’accès à la Cour de justice afin de sauvegarder ses prérogatives notamment face au Conseil et à la Commission.