Les Déceptions Aragon...

J'aime, j'adore, j'idolâtre Louis Aragon."Chaque goutte d'eau de ma vie a pris le sel de ton immensité."
Amoureuse de sa poésie, je m'étais essayée à ses romans.  J'étais tombée en admiration devant Le Paysan de Paris.
J'avais enchaîné avec la somme complexe La Mise à mort que j'ai choisie comme sujet de mémoire et que j'ai profondément adorée. 
J'ai voulu réitéré l'expérience romanesque d'Aragon avec Les Beaux Quartiers. Quatre fois. Quatre tentatives. Quatre échecs. C'est sans appel: je n'y arrive pas.
J'ai essayé Les Voyageurs de l'Impériale. J'ai décroché rapidement. Je n'ai lu que 400 pages sur les 700. C'est trop complexe, hors de portée. Le style est élégant et magnifique mais c'est parfois imbuvable au niveau du contenu.

Je n'arrive pas à lire Aragon le romancier tout simplement. Je crois que pour me passionner de sa prose, il faudrait que je décortique en profondeur et minutieusement ces romans-ci comme je l'ai fait pour La Mise à mort et Le Paysan de Paris. Mais le temps me manque pour réaliser un autre mémoire -pour le plaisir en plus. Alors tant pis pour le Cycle Romanesque Aragonien.
Je retenterai l'expérience peut-être un de ces jours avec La Semaine Sainte, Aurélien, Les Cloches de Bâle... Qui sait, peut-être que cela me réconciliera avec Ses Œuvres Romanesques Croisées?!


Je me contenterai de sa poésie qui est au-delà de tout, au coude-à-coude avec Jaccottet... Ô mon amour ô mon amour toi seule existesA cette heure pour moi du crépuscule tristeOù je perds à la fois le fil de mon poèmeEt celui de ma vie et la joie et la voixParce que j'ai voulu te redire Je t'aimeEt que ce mot fait mal quand il est dit sans toi."Aragon, "Vingt ans après", La Diane Française. Les poèmes pour et sur Elsa sont les plus belles déclarations d'amour qu'un être humain puisse faire à un autre.Donne-moi tes mains pour l’inquiétude
Donne-moi tes mains dont j’ai tant rêvé
Dont j’ai tant rêvé dans ma solitude
Donne-moi tes mains que je sois sauvé
Lorsque je les prends à mon propre piège
De paume et de peur de hâte et d’émoi
Lorsque je les prends comme une eau de neige
Qui fuit de partout dans mes mains à moi
Sauras-tu jamais ce qui me traverse
Qui me bouleverse et qui m’envahit
Sauras-tu jamais ce qui me transperce
Ce que j’ai trahi quand j’ai tressailli
Ce que dit ainsi le profond langage
Ce parler muet de sens animaux
Sans bouche et sans yeux miroir sans image
Ce frémir d’aimer qui n’a pas de mots
Sauras-tu jamais ce que les doigts pensent
D’une proie entre eux un instant tenue
Sauras-tu jamais ce que leur silence
Un éclair aura connu d’inconnu
Donne-moi tes mains que mon coeur s’y forme
S’y taise le monde au moins un moment
Donne-moi tes mains que mon âme y dorme
Que mon âme y dorme éternellement …