Magazine Poésie
natacha ivanovathe game room, 2008
mon corps de femme à l'infini
chaque jour de ma vie
je le regarde
je le lave
je le frotte
je le crème
je le parfume
je le gaine
je l'habille
je le nourris
je le soigne
je le protège
je le montre
je le promène
je le caresse
je le muscle
je le fortifie
on le caresse
on le pelote
on le regarde
on le désire
on le menace
cela fait longtemps
que mon corps de femme
n'a pas été menacé
un pelotage dans le métro
jeudi matin
m'a confirmé
que je savais me défendre
et j'en étais rassurée
hier soir au gala
les robes étaient belles
pour une première fois
je n'ai pas trouvé cela
ni vulgaire ni flashy
je me suis dit que c'était peut-être
parce que je vieillissais
et que j'étais juste bien
je ne m'en faisais pas
de ce dont j'avais l'air
je me sentais belle
sur la piste de danse
mon corps savait faire
et il était heureux
et lorsque je conduisais
au centre-ville au retour
mon corps de femme
savait encore crier
le désir
c'est le retour du printemps
qui me fait écrire sur mon corps
un état de sensualité globale
convié par la légèreté
des vêtements
il y a moins d'un an
après arcan
je retraçais mon parcours
de self-consciousness
et je me dis
qu'il est bon d'être femme
on ne change pas beaucoup
au fond
mais on s'aime davantage
de jour de jour.