5 forums emploi sur Toulouse le même jour : est-ce bien raisonnable ?

Publié le 26 avril 2014 par 31000emploi

Le temps d’une journée, le jeudi 24 avril 2014, pas moins de cinq forums emploi ont été organisés en même temps et par cinq organisateurs différents !! Doit-on en déduire que Toulouse est au chevet de ses chercheurs d’emploi ?

L’APEC a organisé son salon des cadres au centre des congrès Diagora, pendant que l’école supérieure de commerce, en interne, organisait un forum étudiant. Ce même jour, à 200 mètres de là, le club de la communication se mobilisait pour mettre en relation étudiants et professionnels au centre des congrès Pierre Baudis. De son côté, la plateforme emploi-entreprises d’Empalot organisait des rencontres entre des professionnels et des demandeurs d’emploi et au même moment, la maison des associations ouvrait un forum pour l’emploi dédié aux métiers du sport.

Bien sûr, on se doit de féliciter autant d’initiatives sur Toulouse, ainsi que la volonté de bien faire de la part de tous ces organisateurs. C’est beaucoup de travail que de mettre en place un temps de rencontre avec des entreprises. Il est évident que chacune de ces initiatives était très ciblée et ne touchait pas forcément le même public. C’est un fait.

Cependant, je m’interroge sur le manque de coordination entre tous les acteurs de l’emploi, en général. Je n’émets aucune critique envers ceux qui ont fait de cette journée un événement pour les chercheurs d’emploi. Je rebondis simplement sur ce cas pour partager avec vous quelques réflexions.

La multiplication d’initiatives est-elle un facteur fédérateur auprès des entreprises qui embauchent ?

Via l’agence Troisième Histoire, j’organise également des événements, je sais donc ce qu’il en coûte de fédérer des acteurs pour une manifestation. Une énergie dévorante. Pourquoi ? parce que les entreprises sont énormément sollicitées et que majoritairement, ce sont toujours plus ou moins les mêmes que l’ont retrouve, aspirateurs à CV compris. Leurs représentants s’interrogent de plus en plus sur la pertinence de s’engager à mesure qu’ils sont plébiscités. Plus il y a d’initiatives, plus l’entreprise est confrontée au fait de faire le bon choix. En effet, accorder du temps à son environnement suppose en retour de faire les bonnes rencontres. Ce n’est pas une question de popularité, non. Ce n’est pas parce qu’un événement rassemble peu d’individus qu’il ne sera pas pertinent. Bien au contraire. Pour moi, le principal problème vient du fait que la forme a pris le pas sur le fond. Soyons réalistes : le chercheur d’emploi proactif qui va s’efforcer de se rendre à toutes les occasions va finir par faire le même constat : c’est partout pareil et on tourne en rond. Je me trompe ? je suis tout ouïe…
Pour en avoir longuement discuté avec d’autres promoteurs d’événements, le grand public se désintéresse des salons classiques. Et il serait intéressant de se demander pourquoi. Il faudrait presque organiser une conférence sur le sujet Un stand, une queue. Au suivant. Un stand, une queue. Au suivant…

Ne manque-t-il pas un étage à la fusée ?

Nous arrivons donc à l’étape où se demander comment changer les choses. Comment valoriser les stratégies RH des entreprises locales, petites et grandes ? Comment permettre à tous les acteurs du secteur emploi d’exister et surtout, qui pourrait assumer un rôle de fédérateur ? vaste programme.

De mon point de vue, pour faire d’un événement sur l’emploi un succès, il faut impérativement mobiliser les acteurs clés. Public et privés. Ensemble.

Toulouse est une ville de réseau, mais a pour défaut sa consanguinité. Les réseaux à Papa ont une telle emprise, qu’en bonne ville de province, l’innovation pour l’emploi reste très modeste. Chacun fait sa popote de son côté, mais pour quels résultats au final ? La multiplication des initiatives pour l’emploi ont également pour conséquence la difficulté d’obtenir tribune auprès des médias et donc d’exister. De son côté, le public ciblé ne s’y retrouve plus dans la diversité de l’offre. Pour le bonheur des moteurs de recherche sur internet.

Aujourd’hui, et nous en parlerons dans quelques jours, il y a un événement annuel et récurrent qui paraît incontournable : le Carrefour pour l’emploi, piloté par la communauté urbaine Toulouse Métropole. C’est important d’avoir une manifestation à grande échelle capable de faire venir une fois l’an plus de 15 000 visiteurs. Mais le reste de l’année, on continue à semer des petits cailloux ?

La meilleure piste consisterait, mais dites-moi si je m’égare, à trouver les bons rythmes pour organiser des rencontres pertinentes suivant un calendrier concerté. Il est utile qu’il y ai des initiatives toute l’année. Le chômage n’est jamais en vacances et il bosse dur actuellement…

Si ce jeudi, dont je fais l’écho, avait permis à tous ces organisateurs d’organiser ensemble un événement, n’y aurait-il pas eu un meilleur impact ?

Conclusion

Je crois sincèrement que la solution peut venir de la volonté politique locale. Chacun à sa place. L’emploi est un sujet d’intérêt public et c’est sans aucun doute Toulouse Métropole qui possède les meilleurs atouts pour être une tête de réseau forte, capable de fédérer. C’est déjà le cas avec le PLIE (Plan Local d’Insertion pour l’Emploi), un magnifique dispositif de lutte contre le chômage et l’exclusion, ainsi que le réseau emploi des communes. Depuis 2013, Toulouse Métropole Emploi est en place pour, je reprends littéralement un de leurs axes – Conduire, enrichir et partager des diagnostics pour co-construire des plans d’action au service du territoire et de l’ensemble des acteurs. C’est beau à lire, mais personnellement, j’ai encore du mal à comprendre quelles en sont les issues concrètes.

Le hasard du calendrier fait que nous avons une nouvelle équipe politique en charge des affaires de la ville et de la métropole. J’aimerais sincèrement pouvoir évoquer le sujet avec ses représentants et vérifier avec eux (et par ailleurs avec tous les acteurs concernés), comment peut-on faire pour qu’à Toulouse, demain, existe une vraie mécanique capable de fédérer plusieurs événements pour l’emploi et surtout, comment peut-on éviter un nouveau 24 avril ? Ça, c’est pour la forme. Pour le fond, comment faire en sorte pour que, comme à TEDxToulouse par exemple, le visiteur soit persuadé qu’en quittant un salon, il garde la sensation d’avoir vécu un moment particulier… Je suis suis curieux d’avoir vos avis sur le sujet. N’hésitez pas à laisser un commentaire pour engager le débat.