Le jour vermiculait quand l’homme poussa la porte de l’estaminet. Au bar, deux habitués restèrent figés dans la contemplation de leur breuvage tandis que le barman leva un œil éteint vers la porte avant de se replonger dans la lecture passionnante, à n’en pas douter, d’un exemplaire de l’Equipe paru le lundi précédent.
L’endroit transpirait le calme et il y faisait chaud. L’homme entra sans un mot, longea le bar jusqu’à son extrémité qui faisait un coude afin de se jucher sur un tabouret, face à la porte d’entrée et dos au mur. Immobile, silencieux, il mesurait la pièce du regard. Le barman continua à lire une page ou deux, les pochetrons lapèrent une ou deux gorgées, le temps passait.
Un court soupir, une main dans une poche où tinte de la monnaie, un coup d’œil au barman et à la machine à café, le journal repoussé dans un froissement de papier, la tasse déposée sur le comptoir devant l’homme. Le silence revenu bientôt troublé par les grosses gouttes de pluie s’écrasant sur le macadam dans un crépitement allant crescendo.
Tous les regards brièvement tournés vers les vitres noyées et chacun de retourner à ses pensées, les épaules un peu plus affaissées encore. Attendre, toujours attendre.