-Neil Young
Quand Hydro-Québec a menacé de placer ses compteurs intelligents afin de nous fourrer plus profondément, j'étais le premier à vouloir camper devant mon compteur pour les empêcher de le faire. Puis, un jour, sans que je m'en aperçoive, et sans m'aviser bien entendu, ils sont venus sur mon terrain et l'ont changé.
Baisé je fus et resterai. Je me suis posé ensuite la question: Si j'avais surpris Joe Marteau en train de piocher sur mon compteur, si je l'avais pris sur le fait, qu'aurais-je fais? Je lui aurai parlé c'est certain. J'aurais assurément négocié une possibilité de refus. Voilà un changement que personne n'était forcé d'accepter. (Bien qu'on ait tout fait pour en limiter les voies d'évitement, puisque ce sera si payant...) Mais il fallait payer une somme afin "d'avoir le droit de refuser". Tous les mois jusqu'à la fin des temps. Absurde.
Là je vous parlais de viol réel, mais je vais aussi vous parler viol imaginaire.
Aux États-Unis, si vous habitez une terre fédérale et élevez du bétail dessus, vous devez payer un droit de pâturage. Tous les éleveurs des États-Unis paient leur droit de pâturage depuis 21 ans. Depuis que ces paiements ont été mis en place.
Cliven Bundy, un fermier du Nevada, faisait circuler ses bêtes sur ces terres avant 1993, l'année de cette nouvelle loi, quand ces terres étaient du domaine public. Mais en 1993, le gouvernement les as achetées. Bundy a toujours refusé ce fait. Et refusé du même coup de payer quoi que ce soit. Depuis 21 ans, il ne paie aucunement les frais que tous les autres dans la même situation que lui paient. Il a accumulé plus d'un million de dollars de dettes à l'égard du gouvernement des États-Unis. Quand le gouvernement lui a ensuite (ré)interdit de faire fouler à ses bêtes le sol des terres fédérales, Bunden n'a rien voulu entendre et a continué sa routine hebdomadaire avec ses troupeaux. Des batailles juridiques ont eût lieues et des injonctions ont été imposées au travers des années, faisant perdre la cause de Bundy chaque fois. Bundy a ignoré tout ça, allant même jusqu'à étendre ses troupeaux sur plus de terres appartenant au gouvernement encore.
Un survol en hélicoptère a dénombré 908 bêtes sur le territoire fédéral.
Le 8 avril dernier un "ordre de saisir les bêtes et de les expulser des terres" a été émis.
Deux jours plus tard, des patrouilleurs du Bureau of Land Management se sont rendus sur place afin d'évaluer le travail à faire. Ils ont été accueilli par des dizaines de supporteurs de Bundy, qui les ont harangués. Les supporteurs ont dit (à tort ou à raison) que les patrouilleurs les avait électrocuté au fusil électrique et avaient poussé la soeur de Bundy au sol, tandis que les patrouilleurs ont dit (à tort ou à raison) que les "pacifiques" supporteurs avaient donné des coups de pieds à leurs chiens et ont soutenu que plusieurs semblaient armés.
Deux jours après, une bannière indiquant "Liberty Freedom for God We Stand" est apparue sur le site du ranch de Bundy et tous ses supporteurs étaient maintenant assurément armés. Des hommes en costume de camouflage se tenaient du côté de Bundy qui criait "Nous ne reconnaissons très certainement pas l'autorité de la BLM, et sommes prêts à prendre ses terres par la force!". Des personnalités connues républicaines se sont joint à Bundy, même le shériff de l'Arizona qui a eut la lumineuse idée de placer toute les femmes en avant du rassemblement "car si les agents de la BLM (armés aussi) tirent, ils tireront sur de pauvres femmes et ce seront les images qui feront le tour du monde, des agents du gouverement des États-Unis qui tuent d'innocentes femmes..."
Il n'a jamais pensé utiliser les enfants ou les bébés dans le même but ce génie.
Pour des raisons de sécurité évidentes, la BLM a reculé et a mis son projet temporairement sur la glace.
Plus de 1500 supporteurs de Bundy font la fête depuis, présentant des conférences de presse tous les jours et engraissant le redneckisme Étatsunien.
Bundy a offert ce bijou en conférence de presse la semaine dernière:
«Je veux ajouter encore une chose sur les nègres, Ils avortent leurs jeunes enfants, ils mettent en prison leurs hommes, parce qu'ils n'ont jamais appris à ramasser du coton. Et je me suis souvent demandé: n'étaient-ils pas mieux avant comme esclaves, à ramasser du coton, avec une vie de famille et faisant plein de choses? Ou sont-ils mieux maintenant à vivre avec les subventions du gouvernement? Ils n'ont pas obtenu plus de liberté. Ils sont moins libres».
Édifiant n'est-ce pas?
Bien évidemment, il a perdu la plupart de ses supporteurs, tous les connus bien entendu, mais aussi, il est maintenant passible d'accusations pour propos haineux.
La BLM promet de rappliquer un jour. Et Bundy assure qu'il les attendra avec une brique et un fanal.
Waco all over again.
Puis, au moment d'écrire ceci...cela.
Stephen Harper doit reconnaître des amis dans tout ça...