Identification des méthodes non toxiques pour marees noires

Publié le 09 novembre 2013 par Laeo France
LAEO USA a étudié la situation désastreuse liée au golfe du Mexique après la marée noire du puits Macondo.
Le texte qui suit est extrait du document original publié par LAEO sur http://protectmarinelifenow.org/. Il explique quelle méthode utiliser pour nettoyer les marées noires.
Il est absolument nécessaire d’adopter de nouveaux plans d’urgence associésà l'assainissement des marées noires (y compris les plans d'intervention soumis par les compagnies pétrolières demandant des permis), en utilisant d’autres méthodes que l'application intensive de dispersants chimiques. La création et l’accélération d’un nouveau puits de forage en eau profonde dans le golfe du Mexique et la mer de Beaufort en Alaska sont très inquiétantes, surtout en l'absence de plans d'urgence mis à jour. En d'autres termes, des centaines de permis ont été délivrés depuis septembre 2010 sans aucun changement significatif dans le plan d'urgence pour marée noire - à part l’ajout de systèmes plus avancés d’injection de dispersants en eau profonde - ce qui produirait une nouvelle intervention aussi toxique que celle du Deepwater Horizon.
L'information présentée ici est destinée aux comités régionaux et locaux ainsi qu'à tous les intervenants chargés d'actualiser les plans d'urgence pour la sauvegarde de nos écosystèmes aquatiques et terrestres. Le document sur la définition des catégories de bioremédiation et leurs modes d'action, ainsi que les informations ci-dessous, devrait remplacer les recommandations précédentes sur la bioremédiation car il explique pourquoi utiliser l'agent de bioremédiation de Type EA comme agent de première intervention.
L’AGENT DE BIOREMÉDIATION (TYPE EA) DU NCP : UNE ALTERNATIVE AUX DISPERSANTS CHIMIQUES

Nous encourageons les essais indépendants de Type EA en remplacement des dispersants chimiques, particulièrement en tant que méthode de première intervention en haute mer car c'est une solution potentielle prometteuse dans les endroits difficiles d'accès et lorsque les marées noires sont causées par des forages en eau profonde.
Le CCST de LAEO estime que l'agent de bioremédiation de Type EA peut servir d’alternative depremière intervention à la place de dispersants chimiques et que ceux-ci n'ont plus leur place dans le nettoyage des marées noires des eaux navigables des États-Unis.


L'EPA est maintenant encouragée à trouver des agents d'intervention plus sûrs pour remplacer ces modes obsolètes qui, lorsqu'ils sont combinés avec les polluants pétroliers, sont plus toxiques que le pétrole lui-même et donc contraire à l'esprit du Clean Water Act (réf. 29). Pour rappel, le Clean Water Actstipule que, pour utiliser une méthode d’intervention, il faut qu’elle ELIMINE le pétrole de l'environnement. Les dispersants ne remplissent pas cette exigence ; comme nous l’avons vu,des études ont montré que l'utilisation de dispersants prolonge la durée de vie du pétrole mélangé aux produits chimiques, ce qui entraîne des impacts négatifs sur la biodiversité pouvant aller jusqu'à cinq ans, voire plus (réf. 30 et 31).
La bonne nouvelle, c’est que des protocoles ont été développés pour identifier et évaluer le degré d'utilité des produits de nettoyage et qu'ils sont simples à suivre.

LES PRODUITS DE NETTOYAGE DES MARÉES NOIRES
DEVRAIENT
ÊTRE ÉVALUÉS ET CLASSÉS PAR PRIORITÉ
LAEO a effectué plus de deux ans de recherche pour trouver des méthodes plus efficaces et moins toxiques que ceux utilisés actuellement pour remédier aux marées noires. Nous avons également travaillé pour obtenir les autorisations nécessaires à l'utilisation de ces techniques efficaces pour nettoyer les eaux du golfe et de ses rives toujours touchées par la marée noire du puits Macondo.
Notre première étape consistait à examiner les produits sur la liste du NCP de l’EPA. Nous avons développé un ensemble de lignes directrices permettant d'examiner les produits et de déterminer leur recevabilité dans les eaux navigables des États-Unis. Nous ne sommes pas à la recherche d'un produit donné ; il faut simplement qu’il corresponde à nos critères d'efficacité ci-dessous :
· Être sur la liste du NCP

· Éliminer rapidement et efficacement le pétrole, sans le disperser en le solubilisant ou en le dissolvant dans la masse d'eau.

· Non toxique, sans "compromis" destructeur associé à son application.

· Capable de détoxifier également les dispersants chimiques - par exemple, les deux types de Corexit qui ont été largement utilisés au niveau national et international.
· N’utilisant ni microbe importé, ni organisme génétiquement modifié.

· Pourvu d’une documentation scientifique complète étayant l'efficacité du produit.
· Renommé pour ses résultats.
· Utilisable n'importe où (haute mer, plage de sable, marais, etc.) comme un outil de première intervention (c'est-à-dire
prédéterminécomme étant applicable dans tous les milieux afin de permettre une intervention rapide sans nécessité d'évaluation en cas d'urgence).
- Le fabricant dispose d'un stock suffisant et peut en produire instantanément pour gérer une marée noire conséquente.
· Son utilisation et son application doivent être économiquement raisonnables et ce dans des limites acceptables de coûts d'assainissement attendus.

·
Il doit éliminer ou réduiresensiblement la nécessité d’un nettoyage subséquent, tel que le nettoyage des plaques de goudron qui se forment lorsqu'on fait couler le pétrole avec des dispersants, des traitements à base d’hydrocarbures utilisés dans les décharges ou autres traitements.
Notre rechercheapprofondiea révéléqu'un seul produitsatisfaisaittoutes cesexigences- l'une dans la sous-catégoriede bioremédiation Type EA duNCP : l’Oil SpillEaterII(OSE II)1. Nous continuons àrechercher d'autres produitsqui répondent à cescritères mais, en attendant,il y a au moinsune catégorie debioremédiationqui pourraitconduireefficacement à des méthodes d'interventionpropres au XXIe siècle et, au moment de l'écriture de ce document, le seul produit correspondant à nos critères était l'OSE II.LAEOa produit un filmdocumentaire poursensibiliser le public àla bioremédiation etencourager leschercheurs et les entreprisesdont les produits correspondent auxcritères ci-dessusà se présenter (réf.32). De nombreux produits nous ont été proposés et, mais bien que certains étaient vantés comme étant « non-toxiques », ils se sont avérés être au moins aussi toxiques que le pétrole brut !Les solutions nouvelles et innovantesutilisant toutes lestechnologies disponiblessont nécessaires pourla marée noire du golfe duMexique,ainsi que pour toutes cellesqui se produirontdans les eauxinternationalesSi nous ne changeons pas de cap, nous risquons d’être témoin de l’effondrement de la pêche, de l’augmentation de produits chimiques dans les écosystèmes et de la détérioration progressive de la santépublique (réf.33).
CARACTÉRISTIQUES D’UNE SOLUTION EFFICACE –
CRITÈRES
D'ÉVALUATION
La protectionde la santé publiquedoit être la préoccupation principale lors de toute prise de décision concernant le procédé de nettoyage de marée noire. La santé publique esttributaire de la santé del'environnement, il est doncimportant de comprendre sur quelscritères lesméthodes de nettoyagedoivent être mesuréesconcernant leur valeuret leur efficacité.L'objectif principal lors d'un nettoyage de marée noire ou des matières dangereusesest de réduirerapidement l'impact deleur toxicitéafin que lesorganismes vivantspuissent survivreEncore une fois, sicesorganismes, aussi petits soient-ils, peuvent survivre, alors l'écosystème seracapable de persister.
Ainsi, lesnormes que nous recommandons pourun produit idéal (ou une technologieidéale) utilisé pourle nettoyage d'undéversementdangereuxseraientcelles-ci :
1)Dans un premier temps, il doitrapidementdétoxifierle pétroleou les substances nocivesafin de protégerlespopulationsmicrobiennes indigèneset touteslesformes de vie2) Il doitneutraliserles qualitésadhésivesdu pétroleafindene pas collerà la biodiversité marine,aux herbes des marais,aux côtes rocheuses, aux plages de sableou aux sédimentsdes fonds marins3)Il doitmaintenir le pétrole ensurfacede façon à ce qu'il puisse êtrerapidementdigérépar les microbesindigènesutilisantl’oxygène de l'airet protégeant les 60 % de la biodiversité marinequi se trouve sousla surface. (Note: Ceci permet égalementd’être accessible auxpersonnes procédant à son élimination au moyen d'agentsnon toxiques.)4)Il doit intégrer le fait que la nature utilisedes tensioactifs2dans leprocessus naturel dunettoyage d'une marée noire. Unproduitefficace n’auraitpas detensioactifstoxiquescomme ceux contenusdans les Corexit 9527et 9500. Par exemple, la bioremédiation de Type EA de l'OSE : celui-ci ne contientaucuntensioactiftoxique eta été validé commeétant non toxique. En comparantles niveaux de toxicitéd'après lesnormes établies parl'EPA,citée plus haut,le Corexit 9500avait unniveau de toxicité de0,065à0,354ppmpar rapportauOSEII qui,lui, avait 10.000 ppm(plus le nombre est élevé,plus leniveau de toxicité est bas).Cela signifie quele Corexitest de 150 000fois plustoxique quela bioremédiation (voir la charte des valeurs de toxicité ci-dessous). 5)Il doit y avoiruncritère scientifiquement fondéet prévisible réaliséde façon standardà partir de sonapplication correcte. L'aboutissementserait qu’enl'espace de quelquesjours, au maximum quelques semaines, près de 100 pour cent du pétroleaurait été convertien CO2et eneau- deux substances anodines -sans effetssecondaires indésirablesni «trade-off » liés à son application, protégeant aussi bien lesintervenants que la biodiversité marine.6)Son applicationdoit être économiquement viable, soit un coût comparable et mêmebien moindre, que lesméthodes actuelles
Nos recherches ont révéléqu'une technologie de bioremédiationde TypeEA répondant auxcritères ci-dessusexiste aujourd'hui etqu’elle est utilisée dansplus de 30 pays. Ses résultats contrastentostensiblement avecceux desdispersantsutilisésprincipalementdans les eaux navigablesdes États-Unis. En outre, son utilisationne coûte qu'un dixième du prix des autres méthodesetreprésenterait doncun bienfait économique car, ,non seulement les responsablespourraient éviter defortes amendesmais les habitants de la région pourraientréduire leur temps d'arrêt de travail, un nettoyagerapide leur permettant un retour rapide à la vie normale. En d'autres termes, en plus de préserverla santé et lasécurité des eaux, il y aurait peu d'impactsur ​​le tourisme, les entreprises côtièreset la pêche.
La valeurd'un produit pourraitêtre caractérisée parla vitesseà laquelle il répond auxcritères ci-dessussans ajouterde toxicité à la situation
En raison des nombreuses idées fausses concernant la bioremédiation, en particulier la sous-catégorie de Type EA inscrite sur la liste du NCP, le Conseil consultatif pour la science et la technologie de LAEO a fourni ci-dessus le résumé du processus de vérification des méthodes d’intervention lors de marées noires afin que tous les acteurs concernés puissent l’utiliser.
REPENSERLES MÉTHODES ACTUELLES
ET REVOIR LES SOLUTIONS AUX MARÉES NOIRES
Les débats sur les méthodes mettent au grand jour les différents points de vue concernant l’amélioration des résultats. Pour rappel,

plus de 150 permis pour des activités de forage en mer ont été approuvés entre la marée noire du Deepwater Horizon et la rédaction de ce rapport. Pourtant les plans d'urgence d’intervention n'ont pas changé et continuent d’employer des dispersants toxiques obsolètes ainsi que le brûlage in situ comme solution aux marées noires.

A la décharge du Département de l’Intérieur, cette administration a récemment effectué des tests comparatifs indépendants entre les dispersants et l’agent de bioremédiation OSE II du NCP, découvrant que ce dernier éliminait 67% du pétrole brut en 30 jours alors que les dispersants n’était pas capable d'éliminer quoique ce soit. En 2012, le RRT VII a effectué des tests similaires prouvant que l'agent de Type EA était capable à 100% de l’éliminer.
Selon le rapport de l’Operational Science Advisory Team (OSAT)3créée par la Garde côtière américaine, les fuites naturelles de pétrole libèrent chaque année près de 65 millions de litres de pétrole (404 750 barils) dans le golfe du Mexique. Comparativement, celles du Deepwater Horizon ont libéré environ 800 millions de litres (près de 5 millions de barils) au cours des 87 premiers jours. L'affirmation selon laquelle «25% de ce volume a été brûlé ou récupéré, le reste étant ramassé le long des rivages ou réduit naturellement» semble sous-estimer les conséquences néfastes que le restant de pétrole fait actuellement.
De nombreux scientifiques et intervenants estiment que le pourcentage de pétrole éliminé dans le golfe est beaucoup plus faible. En supposant que les chiffres officiels sont corrects et que 25% a effectivement été brûlé ou récupéré, cela ferait seulement 1 million de barils de pétrole.

Selon la Garde côtière, les 75 % représenterait une superficie de 215 km² sur 2,5cm d’épaisseur et, avec les failles situées autour du Macondo 252, le pétrole devait continuer de fuir pendant plus de 10 ans. Leur conclusion est la suivante : « Le taux et la vitesse d’élimination du pétrole du Deepwater Horizon sont encore incertains. Il est donc nécessaire de mieux comprendre les processus de dégradation des hydrocarbures. »


Des évaluations et des protocoles corrects doivent être élaborés pour chaque type d'agent de bioremédiation quant à leur utilité sur les côtes et le littoral ainsi que dans les eaux douces, saumâtres et salées. En comparant les fonctions des différents produits de bioremédiation, il sera possible de comprendre ce qu’est la
bioremédiation et de les cataloguer, d’accéder facilement aux informations et de les rendre utilisables par les différents organismes de réglementation, les décideurs et les structures de gestion des interventions. Faute de quoi, il continuera à y avoir des obstacles à l'utilisation légitime des solutions non toxiques et, plus important encore, cela perpétuera les moyens d’interventions inadéquats et empêchera le sauvetage de la biodiversité exposée à des toxines industrielles. Nous soumettons donc cet appel à toutes les parties prenantes. Des révisions urgentes doivent être apportées au NCP en conformité avec les lois américaines.

Nous invitons les industriels et les décideurs chargés d’actualiser leurs dispositifs d'intervention lors de marées noires, que ce soit au niveau fédéral, national ou local, d'examiner les documents compilés par des experts en technologies de bioremédiation, présentés en partie dans cette publication. Nous sommes convaincus que cet engagement se traduira par l’identification des solutions non toxiques conformes au Clean Water Actet aboutira à des plans d’intervention coordonnés permettant avec plus de certitude d’éliminer complètement le pétrole et d’assainir le golfe du Mexique et toutes les eaux navigables des États-Unis.
1 Littéralement : mangeur de marée noire 2 Une substance qui abaisse la tension superficielle de l'eau, ce qui facilite la dissolution des composés organiques. Certains tensioactifs peuvent être toxiques et d'autres, à base de plantes ou d'organismes vivants, non-toxique 3 Équipe consultative des sciences opérationnelles : un petit groupe de représentants d'agences agissant en tant que conseil consultatif pour informer les décideurs d'après les analyses dans la colonne d'eau
Lire la suite du document sur :