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C'est beau, l'amitié !

Publié le 25 avril 2014 par Dubruel

LA MARTINE (d'après Maupassant)

Quand, hier à midi, Benoist rentrait chez lui,

Il a rencontré la Martine sur son chemin.

Il s’est dit :

‘’ C’est une belle fille, mâtin ! ’’

Il ne s’en était pas aperçu jusque-là.

Ça lui était venu comme ça,

Tout d’un coup

Et si fort qu’il en avait perdu l’appétit.

Rien ne passait ni la soupe ni le ragoût.

Le soir, il pensait à Martine dans son lit

Et encore en se réveillant

Idem les jours suivants.

Il n’aurait pu dire ce qu’il avait.

C’était quelque chose qui le tenaillait.

Il tressaillait quand on la nommait devant lui.

Il avait des sueurs chaque nuit

Qui l’empêchaient de dormir.

Certains matins,

Lorsqu’il la croisait sur le chemin,

Il suffoquait de saisissement.

Un jour, pourtant, il l’aborda en bredouillant :

-« Ça ne peut plus durer. »

-« Qu’est-ce qui ne peut plus durer ? »

-« Je pense à vous tout le temps.

Faut faire quoi pour guérir ça ? »

Elle l’embrassa

Et s’enfuit en courant.

On commençait à jaser dans le pays.

Certains les disaient promis.

D’ailleurs Benoist avait demandé sa main.

Elle avait même répondu « Oui, j’veux ben ! »

Mais bientôt, la Martine ne vint plus

Aux rendez-vous,

Benoist la cherchait partout.

Il ne l’apercevait plus,

Ni dans les champs,

Ni sur les chemins, ni à la messe.

Or, justement,

Un dimanche, après le sermon,

Le curé annonça

Qu’il y avait promesse

De mariage entre Martine Martin.

Et Albin Brémond.

Fort chagriné, Benoist se mit à boire.

Puis un matin

Il se décida à aller la voir.

Martine était étendue par terre.

Saisie par les douleurs de l’enfantement,

Elle se tordait affreusement.

Alors Benoist fit,

Comme il avait coutume de faire

Aux vaches et aux brebis.

Il l’aida et reçut dans ses mains

Le petit de Martine Martin

-« Merci Benoist,

T’es un brave gars.

Montre-le-moi, s’il te plait. »

Il lui présenta le bébé

Comme s’il eût tenu du pain bénit.

À cet instant, la porte s’ouvrit.

Albin entrait, l’air surpris.

Alors Benoist lui révéla :

-« J’ passais par là…

J’ai entendu des cris…

J’ suis v’nu…v’là ton éfant ! »

Albin prit le bébé, l’embrassa,

Le reposa

Et s’écria en présentant

Ses deux mains à Benoist :

-« Tope-les, Benoist,

Maintenant, entre nous, tout est dit.

Si tu veux, j’ serons une paire d’amis ! »

-« J’ veux ben.

Pour sûr, j’veux ben. »


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