L’usage des mots, de la parole, ça use et ça racle.
L’histoire de Jacques (Jacques Bourgeois, racontée par Jacques Demarcq) se termine en 1945, Dachau, Auschwitz, Mauthausen, Melk. Et les mots qui pleuvent, qui s’espacent, se creusent jusqu’à ne laisser que des signes, « son nié », qu’il faut voir écrit en bas de la page :
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ni é
Philippe Artières parle ailleurs de « graffiti attack », qu’il s’agisse d’une fausse attaque de Air Force One, du temps de G.W. Bush, de taggers dans le métro Louvre, de la mobilisation de « renforts de police pendant la coupe du monde de football, en juin 2006 » à Berlin, ou de la signature d’attentats depuis Ravachol jusqu'au FLNC.
Quant à Caroline Bergvall, elle s’attarde sur un « chat dans la gorge », une sorte de crachat (cra-chat), une « friction dans la gorge ». « L’air qu’on inspire, le son rauque produit quand on se racle la gorge, le crachat qui se forme, les sons qui s’ensuivent, les mots qui prennent forme »
Le dessin, extrait de la Revue, est de Marion Jdanoff.