Magazine Culture
« Avec Suicide, je ne jouais que d'une main, la seconde me servait à me protéger des détritus lancés contre Alan Vega »
« Je sais pas mec. On en avait vraiment notre claque de la politique comme du reste. Rev voulait tuer Nixon. Rev avait acheté un billet de train pour Washington, pour aller buter Nixon à la maison blanche ? J’ai dû l’enfermer dans une chambre pendant une semaine, il avait complètement flippé ; un type si tranquille … »
Un type si tranquille hum ! Si dans le duo suicidaire que vous connaissez tous Alan Vega est bien un croquignolet à fort potentiel Martin Rev m’a toujours paru tout autant gratiné. Il faut savoir se méfier de ce genre de types capables de porter de grosses lunettes noires tout en prenant des airs tempérés, ils sont souvent plus dangereux qu’une cargaison de pervers polymorphes autoproclamés. Dans ce court Ep paru en 1980 Martin Rev est tout seul avec ses machines et on sent bien qu'il n'est pas si tranquille que ça. Il chantonne sur un titre et sa voix un tantinet monocorde vous donne la ravissante impression d'écouter un genre de serial killer prêt à toutes les folies faussement contrôlées. Le reste du disque vaut aussi que l’on y laisse une, deux voire trois oreilles pour les auditeurs les plus sybarites. Synthés tocs et sales, mélodies sombres, textures crapoteuses avec pour meilleur moment un petit épiphénomène itératif, le premier titre Mari, qui prend son temps presque joyeusement.