Critique Ciné : Dans la cour, mélodrame clos

Publié le 24 avril 2014 par Delromainzika @cabreakingnews

Dans la Cour // De Pierre Salvadori. Avec Catherine Deneuve et Gustave Kervern.


Dotée d’un parisianisme parfois pesant, cette comédie dramatique a malgré tout le charme de ses comédiens et de sa jolie petite histoire. En effet, Catherine Deneuve et Gustave Kervern forment un duo fabuleux et inattendu. Ce sont eux qui donnent le rythme de cette comédie mélodramatique. Le problème c’est que le film s’enlise dans les clichés de la co-propriété parisienne avec tous les personnages clichés que l’on peut espérer voir. Ce n’est pas nécessairement une mauvaise chose, notamment car d’un point de vue purement comique cela fonctionne assez bien. Féodor Atkine par exemple en mari légèrement perdu face à une femme qu’il ne comprend plus dans ses obsessions. Ou Pio Marmai (Un Heureux évènement) en drogué compulsif. On sent que le film a quelque chose à raconter mais par moment j’ai eu l’impression que le soufflé commençait à retomber, comme si celui-ci n’avait finalement pas l’équilibre qu’il aurait certainement requis. Pierre Salvatori (Hors de Prix, Tu vas rire mais je te quitte) continue de nous offrir des films dans le même genre en jouant ici le huis clos. On ne sort que très rarement de l’immeuble afin de créer un sentiment d’oppression dramatique.
Antoine est musicien. A quarante ans, il décide brusquement de mettre fin à sa carrière. Après quelques jours d'errance, il se fait embaucher comme gardien d'immeuble. Jeune retraitée, Mathilde découvre une inquiétante fissure sur le mur de son salon. Peu à peu, son angoisse grandit pour se transformer en panique : et si l'immeuble s'effondrait... Tout doucement, Antoine se prend d'amitié pour cette femme qu'il craint de voir sombrer vers la folie. Entre dérapages et inquiétudes, tous deux forment un tandem maladroit, drolatique et solidaire qui les aidera, peut-être, à traverser cette mauvaise passe.
D’un point de vue purement dramatique cela semble plutôt bien fonctionner. Notamment car la dépression de l’un reflète plus ou moins l’obsession de l’autre. Le face à face est étincellement et Catherine Deneuve et Gustave Kervern font tout ce que l’on pouvait attendre de leur part. La surprise n’est donc pas nécessairement présente et le téléspectateur s’ennui donc légèrement. En choisissant de ne pas mettre tout le monde dans un panier comique, Pierre Salvadori se permet donc de poser les bases d’un film humain qui a une sacré poigne. Je n’ai pas été ému aux larmes malheureusement (j’aurais bien aimé, notamment à certains points de chute du film qui sont importants pour l’histoire) mais peu importe puisque le plaisir rester entier. Petit à petit on aurait pu croire que Antoine allait s’en sortir en trouvant dans ce nouveau boulot une nouvelle raison de vivre. Sauf qu’il va se rendre rapidement compte de son état et les choses ne vont pas dans le bon sens. Mais le fait que le film ne cherche pas à tout prix à donner du bonheur à ses personnage est admirable. Surtout que c’est soigné et Dans la Cour ne cherche pas à trop en faire. La sphère parisienne peut cependant parfois être légèrement étouffante. Cette l’impression d’avoir déjà vu cet immeuble des dizaines et des dizaines de fois dans divers films.
Je prends un contre exemple très réussi : La Cage Dorée qui est l’un de mes films préférés dans ce registre là. Certes, Dans la Cour est beaucoup plus dramatique mais il y a ici une recherche parfois du personnage. Il y a de très jolis moments malgré tout, notamment quand Dans la Cour sort justement de cette torpeur. L’histoire du rosier par exemple est assez savoureux, sans parler des vélos. Par moment le film ressemble plus à un film à sketchs qu’autre chose. C’est mignon, sans chercher à trop en faire non plus. Au final, Dans la Cour n’est pas un film brillant mais il se laisse sobrement regarder. Il ne faut pas avoir peur de s’ennuyer par moment car le duo d’acteur principal est vraiment fabuleux. Embrumés dans leur routine, ils vont petit à petit nouer des liens et nous faire comprendre qu’il y a quelque chose là derrière de bien plus important. La descente aux enfers se fait de façon très différente des deux côtés d’ailleurs, l’une se fait tranquillement sans que l’on ne s’en rende vraiment compte et l’autre de façon cocasse (car cette histoire de fissures c’était sacrément bien trouvé comme astuce comique pour rendre Catherine Deneuve sénile).
Note : 5.5/10. En bref, charmante comédie sans trop déborder. Reste ce souci de la sobriété qui le rend filiforme. Heureusement que le duo principal rend le tout beaucoup plus agréable. Je me suis même surpris à rire beaucoup plus que tout le reste de la salle (il faut dire peuplée d'un public d'un certain âge).