Rencontre avec Thylacine en cette deuxième journée du Printemps de Bourges 2014 :
La présentation du festival insiste beaucoup sur la relation de ton nom à un « tigre carnacier »… C’est important pour toi que ce soit précisé ?
Non, non, pas du tout. C’est juste les journalistes qui aiment sauter dessus ! Ce choix s’est fait d’une part selon un aspect esthétique, j’ai très vite accroché sur le mot. Puis de façon plus conceptuelle, l’animal a disparu. Plutôt que de créer un blaze, et puisqu’il y a énormément de mots inutilisés qui sont intéressants et beaux, j’ai préféré en récupérer un qui n’a plus de sens, plus d’usage.
De même, les journalistes parlent de ton travail en termes de textures …
Bah ça c’est pas mal, je trouve ! Il y a peut-être cette idée que je mélange toutes le couches de mes morceaux pour créer quelque chose d’assez uniforme.
Quant au terme electronica arty ?
Electronica c’est un peu un mot fourre-tout. Arty, parce que c’est un peu recherché. Mon but n’est pas le club ni la danse. Je veux faire une musique à écouter dans un premier temps. Je ne construis pas mes morceaux pour le live, mais pour être écoutés partout.
Tu rejoins l’idée de Stromae, qu’il faut être sincère avant de faire de belles choses ?
Oui, assez, bien que ce soit un tour de passe-passe. Si on fait quelque chose de sincère, c’est automatiquement beau. Si c’est quelque chose dont on est fier, c’est toujours beau pour soi.
Parlons de ta façon de travailler alors…
Je procède de façon assez intuitive, plutôt instantanée. Je n’ai jamais d’idée pré-conçue de mes morceaux. C’est vraiment lié à l’instant, et à son émotion, à partir de laquelle j’expérimente, puis je construis petit à petit, en ajoutant des couches, en enlevant d’autres. J’accorde aussi beaucoup d’importance au lieu : c’est toujours différent de composer sur un transat en campagne qu’en pleine ville, dans un studio. Ça amène vraiment d’autres dynamiques, et j’aime beaucoup partir de là pour aller plus loin.
A partir de là, malheureusement, un souci technique a interrompu l’enregistrement vocal sans que je m’en aperçoive. Je vais donc vous synthétiser en quelques lignes les propos échangés
Nous avons parlé de ses références, qui lui sont très importantes : Moby, Massive Attack, Paul Kalkbrenner, mais aussi Phil Glass et Steve Reich, ou encore beaucoup de jazz. Ce dernier style musical fut induit par sa pratique, dès l’âge de six ans, du saxophone. Il ne l’a pas quittée pour autant : il amène son instrument sur scène lors d’improvisations qu’il m’a décrites comme nécessaires, pour préserver cette hybridation, cet aspect musical, et sa dimension plus matérielle.
Enfin, pour ses projets à venir, Thylacine m’a décrit sa prochaine conquête musicale: le Transsibérien. Lors de ces 12 jours en train au cours desquels il sera suivi par une équipe de journalistes, l’artiste s’immergera dans ce huis clos mouvementé et dépaysant pour composer de nouveaux rythmes empreints d’un voyage qui s’avèrera sans doute particulièrement inspirant…
Anaïs Lapel
Thylacine :
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