Lorsque les fleurs pleuvent je suis déjà si loin

Publié le 24 avril 2014 par Mentalo @lafillementalo

Arrête. Ca me gêne. Je ne sais pas quoi faire de ton admiration.

Ca me flatte et je n’aime pas ça. Ce sentiment d’imposture, toujours. Tu ne sais de moi que ce que je te dis. Je ne vais pas te dire le côté sombre, les doutes, les erreurs, les cris.

Tu dis qu’ils ont de la chance. Je ne sais pas. Pas tous les jours, je crois. Tu dis que je suis mince, toujours bien coiffée, maquillée, habillée, les ongles vernis. Tu ne peux pas imaginer mes yeux collés ce matin de trop de fatigue encore, bien sûr. Tu ne vois pas que le vernis cache la misère, que le jeans couvre aimablement ces hanches que je trouve trop rondes. Ne crois pas ce que tu vois.

Tu voudrais ma vie mais qu’en sais-tu? Pas un instant je la regrette, mais serais-tu capable de tenir mon rythme? Qui sait, si je pouvais recommencer, si je ferais tout pareil? Invente-toi ta vie, je ne veux pas servir d’exemple.

Arrête. Ca me gêne.  Je n’ai jamais su répondre aux compliments. C’est étrange ce sentiment. Je ne souffre pas la médiocrité, encore moins la mienne que celle des autres, plutôt me taire que de dire le vide. Je lance mes mots au regard de tous, ce n’est jamais anodin, et pourtant lorsque les fleurs pleuvent je suis déjà si loin que je ne les comprends plus.

Je romance, je force le trait, je regarde et j’invente une histoire à ce que je vois, je laisse sortir les mots de mon ventre sans bien savoir ce qu’ils font là, je te les offre, mes mots, s’il te plaisent, tant mieux, je ne m’offre jamais, moi. Ne crois pas ce que tu lis.

Observe.

Savoure.

Invente.

Souviens-toi.