Définition : La démarche de soins est une analyse de situation appliquée aux soins qui s’appuie sur les principes et la méthode scientifique de résolution de problèmes.
C’est une réflexion qui aboutit à une prise de décision.
C’est un cheminement intellectuel qui comporte des étapes successives et qui a pour but de permettre à l’infirmier d’aidez la personne soignée à trouver des solutions efficaces et adaptées à son ou ses problèmes
C’est un processus composé d’étapes allant du recueil d’informations nécessaires à la connaissance de la personne et de son état de santé jusqu’à l’évaluation des soins prodigués et aux actions visant leur réajustement éventuel.
Législation :
Décret du 29 juillet 2004, relatif à l’exercice de la profession d’infirmier :
Article R.4311-33 : dans le cadre du rôle propre, l’infirmier « identifie les besoins de la personne, pose un diagnostic infirmier, formule les objectifs de soins, met en œuvre les actions appropriées et les évalue… »
Les étapes de la démarche de soins :
- Recueil de données et analyse de situation
- Détermination des problèmes et/ou des diagnostics infirmiers
- Formulation des objectifs
- Mise en œuvre des actions du rôle propre et sur prescription
- Évaluation
- Réajustement si nécessaire
Le recueil de données ou la collecte de données :
Son importance est capitale car toutes les actions en dépendent.
Le recueil de données ne se fait pas par hasard, il est orienté par la conception du soin et réalisé à partir d’un modèle conceptuel.
Il consiste à réunir tous les renseignements disponibles nécessaires aux soins de la personne soignée. Il est réalisé tout au long de la prise en charge de la personne soignée. Le recueil de données se situe au début de la démarche de soins.
Afin de recueillir les données, l’infirmier doit faire appel aux différentes sources d’information, savoir observer, écouter, questionner la personne soignée lors de l’entrevue.
Les sources d’information :
- La personne soignée elle-même
- Sa famille ou son entourage
- Son carnet de santé
- Son dossier actuel y compris les prescriptions médicales, feuille de température, d’alimentation, de kinésithérapie…
- Les membres de l’équipe pluridisciplinaire
Quelle conception du recueil de données ? :
Les données :
- C’est d’abord ce que le patient met en notre possession, ce qu’il abandonne de lui-même. Recevoir ces données est un privilège.
- Cela crée des devoirs chez celui qui reçoit.
Que nous donne le patient ?
- Il nous donne des informations sur lui-même.
- Renseignements qui vont permettre de lui apporter des soins adaptés, ciblés.
- En répondant à nos questions, le patient se dévoile, « se déshabille », laisse entrevoir son intérieur.
- Il est important donc d’installer une réciprocité, un échange, d’instaurer une relation de confiance.
Recueillir des données :
- C’est faire un bon accueil aux renseignements que le patient nous apporte.
- Etre accueillant, c’est avoir envie de recevoir l’autre tel qu’il est.
- C’est considérer le patient comme un sujet.
- Quand le silence s’installe, servons nous de nos autres sens pour recueillir ces données : écoutons ce qui n’est pas verbalement dit (avec les yeux, avec le nez,…) Tout un paysage sensible se met en place, qui nous renseigne sur le patient mais aussi sur nous.
- Ce que nous ressentons est tout autant à recueillir, que ce que le patient ressent.
Sans la collaboration active du patient nous ne pouvons rien recueillir d’essentiel.
Nous ne recevons pas ce don pour nous même, mais au nom d’une équipe soignante, ce qui suppose de transmettre ce que nous avons recueilli.
L’observation : c’est un élément primordial :
L’observation peut être définie comme la capacité intellectuelle de saisir, à travers ses sens, les détails du monde extérieur. Ce processus repose sur l‘attention et la concentration.
L’observation est filtrée à travers nos mécanismes sensoriels, perceptifs et émotifs ; nous devons donc être attentifs à notre subjectivité et aux jugements de valeur. Pour être efficace, l’observation doit être attentive, volontaire et organisée.
L’observation concerne aussi bien la personne soignée que son environnement (qui peut nous révéler des informations très importantes). Elle implique tous les organes des sens :
- La vue : qui apporte une multitude d’informations concernant les caractéristiques physiques (coloration de la peau, cicatrices, tremblements, port de lunette,…) et environnementales (cannes, lecture, boissons, photos…)
- L’ouïe : par ce sens, nous parvient la parole, les intonations de la voix, les plaintes, certains bruits (respiration, toux, essoufflement, cris…)
- Le toucher : il joue un rôle essentiel dans l’examen physique. Le toucher nous permet de détecter la chaleur du corps, une grosseur, une induration, la texture de la peau… Le toucher peut aussi être un élément important dans la relation entre le soignant et le soigné.
- L’odorat : permet de détecter des odeurs révélatrices (état de propreté, odeur caractéristique de certaines pathologies ou de plaies, des urines ou des selles, de l’haleine…)
L’entrevue :
Il s’agit d’un entretien, non d’un interrogatoire ou d’un questionnaire.
L’entrevue, c’est la rencontre avec l’autre.
Parfois le recueil se fait en deux temps :
- recueil de données minimales à l’arrivée
- puis entretien lui-même réalisé dès que possible.
L’entrevue nécessite :
- une préparation matérielle :
o prévenir le patient : choisir le lieu, choisir le bon moment, prendre le temps.
- une introduction : se présenter, présenter le but de l’entretien et les modalités
- un déroulement
- une conclusion
- une écoute active (écouter attentivement sans idées préconçues, clarifier certains points par la reformulation)
Il est important d’aborder la personne soignée sans préjuger, de créer un climat de confiance, de respecter la confidentialité, de ne pas émettre de jugement de valeur, de transmettre les informations oralement à l’équipe de soins.
En pratique :
- Le recueil de données se fait à partir de 14 besoins fondamentaux de Virginia Henderson
- Il peut être réalisé sur un document inclus dans le dossier de soins. Toutes les données pertinentes doivent y être écrites.
- Le recueil de données réalisé, il faut effectuer un tri des différentes informations afin de conserver les mots indispensables, ou mots clés, ou les éléments utiles à l’analyse.
- Pour chaque besoin, il faut effectuer un classement de ces données selon les concepts d’indépendance et de dépendance. Pour chaque dépendance rechercher la source de difficulté.
- L’indépendance : C’est la satisfaction d’u (ou plusieurs) besoins fondamental de l’individu qui est autonome par rapport à ce besoin. Les signes d’indépendance doivent être observés et reconnus par l’IDE, afin que l’autonomie de la personne soit favorisée, conservée.
- La dépendance : C’est l’insatisfaction d’un (ou plusieurs) besoin fondamental de l’individu qui n’est plus autonome par rapport à ce besoin. Cet individu montrera donc des signes observables de déficience plus ou moins grande. L’IDE doit prendre en compte ces signes afin de suppléer à ce que le patient ne peut faire lui-même.
- Source de difficultés :
C’est un empêchement majeur à la satisfaction d’un (ou plusieurs) besoin fondamental.
Elles peuvent être liées à des facteurs d’ordre physique, psychologique, socio-économique ou d’une influence de connaissance de l’individu.
La source de difficultés est la cause de la manifestation de dépendance ou le facteur qui y contribue si la cause ne peut être connue.
Intérêt :
La démarche de soins permet :
- Une prise en charge globale.
- Une connaissance adaptée de la personne soignée, ainsi qu’une évaluation rigoureuse de son état de santé.
- Une prise en charge pluridisciplinaire de la personne soignée.
- De faciliter le travail de l’IDE responsable de la qualité des soins, alors qu’actuellement il y a :
- une diminution de la durée de séjour (donc une augmentation des rotations)
- une multiplication des explorations
- une complexification des techniques
- La formalisation du processus de soins en définissant des outils de support.
- De structurer l’information (administration médicale, sociale, psychologique, sociologique et relationnelle) et d’y accéder rapidement.
- De mettre en place les procédures de qualité en formalisant le processus de soin.
- La reconnaissance légale du rôle propre et de l’autonomie infirmière.