Voici une nouvelle interview exclusive co-réalisée par les élèves du Collège République de Bobigny (notamment Moussa, Enrick et Jérémie) et HipHop4ever à l’occasion du Festival Terres Hip Hop 2014 au Canal 93. Cette fois c’est Seth Gueko qui est passé devant nos journalistes en herbe le 07/03/14. Le MC s’est livré en toute décontraction, sans retenue et avec beaucoup de partage.
MOUSSA : Bonjour, est-ce qu’on peut vous tutoyer?
Ouais tu peux.
ENRICK : Pourquoi as-tu commencé à écrire des textes?
Parce que j’écoutais du rap et c’était facile de prendre un stylo et une feuille. Dans les cités souvent les modèles c’est les rappeurs et les footballeurs, moi j’étais meilleur à l’écriture qu’au foot … A la base je suis quelqu’un qui écoutait beaucoup de rap.
E : A quel âge le rap est devenu une passion pour toi?
Très jeune, aujourd’hui j’ai 33 ans et j’écoute du rap depuis 1989 – j’avais 9 ans, dès que le rap est arrivé en France avec les premiers groupes c’était NTM, Assassin. Il n’y avait pas beaucoup de rap à l’époque. On était des extra-terrestres à l’époque.
E: Ton nom de scène est celui d’un personnage joué par George Clooney dans “Une nuit en enfer” et dans la chanson A.K.A tu parles de lui… T’es fan de lui?
Non, je suis fan du film, qui s’appelle « Une nuit en enfer » que je vous invite à regarder, George Clooney dedans s’appelle Seth Gueko, et j’avais bien accroché. Tout les rappeurs ont voulu s’appeler « Tony Montana, Scarface … » moi j’ai décidé de trouver un film différent pour faire un rap différent avec un nom différent.
E : Pourquoi avoir invité Norbert Tarayre (de Top Chef) et Sébastien Patoche dans le clip “Barbeuk”?
Parce que ce sont des personnages publics et fallait montrer que c’est un barbecue et qu’il y avait tout le monde. Je trouvais ça marrant de faire venir Norbert de Top Chef parce qu’on est un peu dans le même style à faire des expressions un peu hardcore. Quand il passait à la télé il disait plein de conneries et je suis du même style.
E : Pourquoi as-tu décidé de t’installer en Thaïlande?
Parce que c’est un rêve d’enfant de vouloir habiter sur une île avec des palmiers et du soleil 10 mois sur 12. Toi t’aimerais rester sous le ciel gris de Bobigny toute ta vie? Non, t’as des origines, moi je n’ai pas cultivé mes origines, je suis d’origine Russe et Italienne, mais mes parents ne savent même pas parler leur langue. Il n’y avait pas un bled où je pouvais aller en vacances quand j’étais plus jeune et par le manque de moyens, je n’ai pas voyagé beaucoup. Un jour j’ai eu des thunes et je suis parti à l’étranger, j’ai vu des palmiers la mer, ça m’a rendu ouf. Si ça se trouve j’aurai pu craquer sur un pays d’Afrique ou le Brésil mais c’est tombé sur la Thaïlande.
Attends, laisse parler un peu Justin Biber ! (RIRES) Non, t’es tout beau t’inquiète.
JEREMIE : Comment réagis-tu face aux personnes qui trouvent ton rap trop vulgaire?
Bah il en faut pour tout le monde, pour tous les goûts. Il y en a qui aiment bien et il y en a d’autres qui n’aiment pas. Si on cache un micro dans une cour de collège c’est aussi vulgaire que ce que je rappe, et l’interdit ça attire les gens. On n’a pas le droit de dire ça, tu te défoules, tu dis des conneries, je suis comme ça je ne prends pas de gants pour parler.
Vas-y Benzema à toi (à Amar) !
AMAR : As-tu d’autres projets à part le rap? Le cinéma par exemple?
Ouais, mais je vais continuer à rapper, dès que je serait trop vieux, je me mettrais peut-être au cinéma.
A : En 2010, tu as été en prison, tu as enregistré un titre avec Mister You. D’où est venue l’idée?
On s’est retrouvé dans la même prison, dans la même cellule, c’est un rappeur je suis un rappeur donc on s’est dit pourquoi pas faire un morceau pour retracer la journée qu’on était en train de vivre.
A : Ton séjour en prison a influencé ton rap ?
Ca m’a permis de me concentrer sur l’écriture mais j’ai pas parlé trop longtemps de prison dans l’album, j’ai essayé d’en parler le moins possible justement. Je laisse ça à d’autres rappeurs parce que ce n’est pas une gloire d’aller en prison.
A : Quel est le plus grand classique du rap, pour toi?
Les princes de la ville du 113, c’est un bon morceau.
A : Qui t’inspire, quelles sont tes influences musicales ?
J’écoute de tout mais comme je fais du rap, c’est bien d’écouter les Cain-ris qui sont un peu en avance, donc en ce moment j’écoute un groupe qui s’appelle Migos.
M: A part le hiphop quel autre style de musique t’influence ?
J’aime bien le rock aussi. Il n’y avait que ça avant le rap qui est arrivé en 89. Pour se mettre sous la dent de la musique où ils disent nique les keufs, nique le FN etc. à l’époque la musique un peu rebelle, c’était le rock et le punk. J’avais déjà 10 ans et mes frères écoutaient cette musique-là… La musique française aussi car mes parents écoutaient ça.
M : Le nom du label “Zdedededex Music” a-t-il une signification particulière?
Non, c’est le bruit d’une kalash quand tu tires un coup ça fait « zdedededex »
M : Qu’est-ce que tu veux faire après le rap?
Je veux m’occuper de ma famille, de mes enfants, c’est important de s’occuper d’eux.
M : Pourquoi as-tu autan de surnoms? Ex: Seth Gex, Le Forain, Le Roumain, Professeur Punchline, Ma Couillasse… Et d’où viennent tous ces surnoms?
C’est de l’originalité. Professeur Punchline parce qu’en punchline, je suis le meilleur. Ma Couillasse, parce que je traine avec des gitans. C’est marrant les surnoms.
M : Pourquoi fais-tu souvent référence à la communauté gitane ?
Je les ai côtoyé, il y avait un camp de gitans pas loin de chez nous et comme vous, je suppose que vous connaissez quelques mots en « –ave », c’est en fonction de là où t’habites. Il y avait plein de maliens plein de sénégalais aussi, je parle malien, sénégalais aussi, je les représente, rebeus, portugais tous les gens qui vivent en cité et dans les alentours.
M : On voit une grande complicité avec Néochrome … Comment tout a commencé?
C’est les premiers mecs que j’ai rencontrés et qui m’ont laissé croquer sur un plan de rap, et le rap c’est comme la boxe c’est mal vu de changer de prof, donc les gars qui m’ont signé il y a 15 ans je reste fidèle à leur équipe.
A : Dans ton parcours musical quelle est la personne que tu remercierais le plus?
J’ai compté beaucoup sur moi même, je me suis fait tout seul, je n’ai pas eu l’aide d’un rappeur qui m’a fait une passe en profondeur. Les rappeurs, ils existent aujourd’hui parce qu’il y a un grand rappeur qui les aide, ils font un featuring et ça les met au devant de la scène. Moi je me suis fait tout seul, donc je me remercie moi même.
A : Quels sont tes projets musicaux en cours ?
Un album pour 2015.
A : Qu’est-ce que tu penses du plateau de ce soir ?
En fait je ne connais pas les artistes de la première partie donc je vais tendre l’oreille mais la liste est longue des petits dans mon quartier, donc il va d’abord falloir les écouter.
DANY : être à Canal 93, à Bobigny, et participer à ce festival, est-ce que ça te fait quelque chose de particulier ?
C’est bien de rencontrer le public, ça me fait quelque chose de particulier de faire chaque concert dans chaque ville parce que je reviens de Thaïlande exprès pour les concerts de rap et ça me fait toujours pas plaisir de rencontrer le public qui a mis un billet pour venir me voir chanter ça c’est magique, qui y aurait cru ! Donc j’essaie de respecter le public en donnant un show d’une heure bien compact où tout le monde transpire.
A : Que penses-tu du festival Terre-Hip Hop ?
C’est bien de faire des évènements comme ça, ça permet à des jeunes comme vous de recevoir des artistes dans leur ville et d’être proches du rap.
M : Tout à l’heure tu as dit que tu étais Mister Punchline… t’es le meilleur punchliner de Fance ?
Bien sûr, renseigne toi bien mon pote !
D : C’est quoi ta meilleure punchline ?
Une qui est belle c’est : “ je vais me tatouer love sur les phalanges pour te frapper avec amour ” ou bien “je vais me tatouer lol sur les phalanges pour te frapper avec humour “
D : Un coup de cœur et un coup de gueule s’il te plait.
Non, tout ce passe bien, juste qu’en passant un peu plus sur Skyrock tu vends un peu plus, mais je fais du rap hardcore donc je ne peux en vouloir qu’à moi même de ne pas être médiatisé.
E : Quel conseil donnerais-tu à des jeunes qui débutent dans le rap ?
C’est de rapper mieux que le mec que tu écoutes.
Extrait dune interview complète co-réalisée par les élèves du collège République de Bobigny et HipHop4ever.fr
L’interview complète en vidéo est en cours de montage, mais voici déjà la version audio.
(C) Photos Live par BalkCreative
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