Provocation facile, à laquelle je pourrais rajouter, un jour sans féminité, un jour sans diversité. Il serait si facile, sans dictature et sans loi martiale de décider que demain, non, mieux aujourd'hui serait un jour sans mode. Pour les plus réchauffés, ce ne serait pas non plus un jour "cul nu", je laisse à la nature et aux naturistes, ce bonheur là, qui semble idéal dans la jeunesse des corps, plus relatif dans les plis et replis de l'âge, et de l'image de nos corps nus.
Une journée sans mode, ouvrez-les yeux, toutes les boutiques de votre rue, de votre quartier, de votre ville, celles qui vendaient chaussures, ballerines ou bottes, escarpins élancés ou compensés d'été, mais aussi bien évidemment celles qui vendaient des vêtements, pour enfants ou parents, toutes auraient rideaux fermés, avec une fermeture quasi définitive. Un non droit à la provocation, même à la simple suggestion d'un vêtement différent. Ajoutez les dessous, les dentelles et autres froufrous que vous cachiez, tout cela sera interdit car le nouveau style sera là, unique et livré à domicile.
Pour toutes, un uniforme, un pantalon et un tee-shirt, une veste de la même couleur, une forte tendance au color-block universel. Chaussettes assorties et baskets standardisées sans fioritures. un monde idéal, non ?
Toutes semblables, toutes habillées de la même façon, avec cette tenue, dans un souci de conhérence politique, de non-discrimination envers les hommes et les femmes, envers les jeunes et les vieux, entre les riches et les pauvres, entre les gens de la ville et ceux de la province, d'ici ou d'ailleurs. Une seule référence, une interchangeabilité étonnante, juste quelques tailles de différences.
Quelle couleur choisir d'ailleurs pour ce tout ? du noir ? du blanc ? du vert ? du gris ? du bleu ? du jaune ? des commissions auront soulevé le pour et le contre de chacune, des liens sociologiques et philosophiques, voire religieux, des soucis économiques et même de communication, pour choisir une couleur indéfinie, sans nom et sans intérêt car les autres n'éxisteront plus. Pourquoi lui donner un nom ou une définition ?
Je vous laisserai apprécier la folie qui pourrait être un déut de roman sur le féminin, l'égalité, la mode et bien évident le féminisme car dans ce débat, j'aurai pu ajouter la jupe, mais je ne savais pas quelle longueur lui donner exactement.
De mémoire personnelle, j'ai pu travailler, donc vivre au sein d'une communauté professionnelle où tout le monde était similaire de part sa tenue, fournie dès le premier jour, dans la taille adaptée à notre silhouette et nos mensurations.
Et pourtant, si les premiers jours me laissaient plus concentrés sur mon activité, sur les habitudes de ce secteur, sur les processus de ce métier, j'ai vite découvert d'autres facettes. Oui l'espèce humaine, et plus particulièrement les françaises et les français, évolue naturellement entre l'appartenance à un groupe, ici professionnel et vivant, et ce besoin évident d'être un individu reconnaissable, identifiable. Une volonté non de différence (bien que ...) mais d'existence individuelle pour soi, ainsi j'ai pu voir le maquillage, les coiffures, les bijoux même rares, les détails de chacune et chacun pour être présents, pour être eux-mêmes. Vous pourrez y ajouter les dessous qui malgré tout reste une liberté éternellement renouvelable, cachée ou à peine évoquée, mais bien près de soi, pour un être unique, comme les tatouages d'ailleurs. L'initime et la peau ne faisant qu'un sous l'uniforme.
Alors rassurez-vous, je ne souhaite rien de tout cela, mais je vous pousserai à regarder les personnes qui sont dans leurs uniformes, pour identifier ce qui fait leur unicité. Enfin pour d'autres si vous aimez la non-diversité, aucunement la mode, ce moyen d'expression personnel, masculin ou féminin, je vous laisse fermer les yeux pour vivre dans ce cauchemar, seul et triste. Car de tous styles, de toutes époques, même à l'ère pré-historique, on a retrouvé des signes d'élégance, avec des colliers, des bracelets, déjà en complément des peaux de bêtes.
Nylonement