De cette affaire, on retiendra quelques conclusions, à froid.
1. Il est à peu près certain que d'autres cas similaires surgiront. Pas nécessairement à l'Elysée, ou dans l'environnement si proche de François Hollande, mais ailleurs. Le spectre de jeu est trop large, tout comme l'envie de transparence et aussi de traque médiatique.
2. Tout se dépose avec la même intensité, il n'y a plus de tri entre les affaires et l'importance qu'on leur donne: les morts de Karachi et la consultation de Morelle pour un labo, les milliards d'euros d'équipements de surveillance vendus à Kadhafi par Sarkozy et le compte en Suisse de Cahuzac. La justice est habituellement une affaire de mesure en proportion de l'objet du délit. Dans le cas présent, on en doute à la lecture de certaines réactions sur les réseaux sociaux.
3. Cette affaire rappelle aussi qu'on mélange toujours nos gouvernants et la politique qu'ils mènent. Il ne s'agit plus seulement d'espérer que nos responsables soient des modèles. On s'imagine qu'une belle politique de gauche (pour rester dans les raccourcis politiques que certains maîtrisent encore) n'est possible qu'avec de purs honnêtes hommes, des vrais super-héros de l'action publique et de la vie quotidienne.
On se venge d'une politique de droite quand sont détectés des comportements jugés non conformes, avec une rage redoublée.
4. La question du conflit d'intérêt n'est devenue que récemment un sujet de débat politique. La confusion privé/public ou le pantouflage public/privé existent en France depuis des lustres que les réglementations successives peinent à corriger même si des progrès sont établis. Il était évident que Morelle devait démissionner aussitôt que le conflit d'intérêt fut démontré.
5. Il y a dans l'affaire Morelle autre chose que cette seule histoire de conflit d'intérêt. L'application avec laquelle les goûts du conseiller présidentiel ont été décrits puis fustigés ne saurait surprendre (notez comment le journaliste rapporte qu'on surnommait Morelle "le petit marquis", l'un des ragots du coin élyséen).
En Sarkofrance, on moquait les pratiques bling bling de Sarkozy et ses proches qui d'ailleurs ne s'en offusquaient pas. Dans le cas de Morelle, la situation est de même nature, mais en pire. On ressort l'argument traditionnel que la richesse - ou, pire, les pratiques luxueuses - disqualifie de toute "gauchitude". Morelle, pourtant d'extraction modeste, ne saurait être totalement "de gauche" vu ce qu'il est.
Cette interprétation totalitaire du monde est tout simplement terrifiante.