Le début du roman m'a laissée de marbre, notamment à cause du personnage très désagréable de Claramunt et de la façon dont Maria Cristina se laisse maltraiter sans réagir. Mais, j'ai finalement commencé à accrocher à l'histoire à partir de la description de la vie à Lapérouse et des relations très difficiles que Maria Cristina entretenait avec sa mère. Car, disons-le tout de suite, sa mère est une folle. Une folle extrémiste, mystique et ultra-religieuse qui voit le Diable partout et notamment chez ses deux petites filles, jusqu'à leur attacher les mains la nuit pour les empêcher de se masturber... Meena, la sœur de Maria Cristina, est son contraire, et elles chamaillent et s'adorent comme toutes les petites filles, jusqu'à ce qu'un terrible accident, dont Maria Cristina se sentira toujours coupable, survienne et bloque à jamais l'état mental de Meena à celui d'une adolescente. Enfin, le père de Maria Cristina est un personnage mélancolique qui brille par son absence et sa faiblesse face à la Mère toute puissante et dont on regrette que la relation avec sa fille ne soit pas plus développée, car il est peut-être la seule touche d'espoir dans l'enfance de Maria Cristina.
On peut trouver plusieurs parties différentes dans ce roman : une partie sombre et noire qui raconte cette enfance à Lapérouse et une partie plus "californienne" où Maria Cristina s'émancipe et découvre le sexe, l'alcool, les soirées, le succès littéraire et Claramunt. Une amie et colocataire, Joanne, l'accompagne et la soutient dans les moments joyeux comme dans les plus difficiles. Maria Cristina rencontre également un chauffeur de taxi au nom improbable de Judy Garland, qui s'avèrera important dans sa vie. Enfin, la très courte troisième partie, dans laquelle Maria Cristina fait son retour à Lapérouse et rencontre Peeleete, me laisse un goût d'inachevé.
Mon avis sur ce roman est assez mitigé. J'ai bien aimé, mais il manque quelque chose pour que ce roman devienne un coup de cœur. Est-ce la fin trop rapide à mon goût ? Ou bien le manque de détails sur la vie à Los Angeles dans les années 1970 ? Ou le caractère effacé de Maria Cristina ? En tout cas, je n'ai rien à reprocher à l'écriture de Véronique Ovaldé, fluide, belle et qui se lit toute seule. J'en avais déjà fait l'essai avec Des vies d'oiseaux et mon sentiment se confirme.
Roman lu dans le cadre du Prix Océans.