Paris ! Ses monuments, sa Seine, ses bouquinistes, ses parcs, ses églises, et surtout ses musées, tous plus merveilleux les uns que les autres. Pour mon second séjour dans notre charmante capitale, je me suis rendue au musée d’Orsay. Ce fut ma première visite au sein de cette ancienne gare, restaurée par l’architecte d’origine italienne Gae Aulenti. Regroupant un panel d’œuvres diverses – peintures, sculptures, arts décoratifs, photographies – en témoignage d’une époque artistique foisonnante : celle de la fin du XIXe et du début du XXe siècle. L’orientalisme, le réalisme, l’impressionnisme, les nabis, le symbolisme, l’Art Nouveau… une collection très riche et éclectique concentrant les chefs-d’œuvre les plus remarquables.
Vincent Van Gogh, Portrait de l’artiste (détail), vers 1890 huile sur toile. © Photo musée d’Orsay, dist. Rmn-Gp P. Schmidt. © Rmn – Grand Palais, Paris 2013
Bref… je ne souhaite pas vous décrire le musée en général ; je vous présente l’exposition temporaire, ayant lieu en ce moment. Il s’agit d’une rétrospective du travail, qualifié de dérangeant par ses contemporains, de Vincent Van Gogh (1853-1890). En 1947, Antonin Artaud écrivit Van Gogh le suicidé de la société, dont l’exposition reprend le titre. En contradiction avec les penseurs de l’époque, Artaud s’appliqua à montrer le génie et le talent du peintre. Le qualifiant de compositeur, tel un musicien de la peinture, Artaud ne croyait pas en la folie de Van Gogh et s’évertua à ouvrir les yeux des méprisants.
Fou, aliéné, dépressif, tourmenté…Van Gogh était avant tout incompris par ses pairs. Aujourd’hui, il trouve la place, qu’il méritait, et son travail est mis en valeur par cette exposition. Reprenant ses tableaux les plus célèbres, tel ses autoportraits, La Chambre de Van Gogh à Arles, La méridienne, l’exhibition offre au public un parallèle entre le travail pictural de Van Gogh et celui, très graphique, d’Artaud, tout autant torturé. En effet, le poète-théoricien est également un dessinateur à la gestuelle dynamique, voire violente. Il utilisait la mine de plomb et des craies de couleurs pour des autoportraits et des portraits d’amis. Cette frénésie dans la représentation est commune chez les deux artistes.
Après avoir fait la queue devant l’entrée de la petite salle en question, nous pénétrons dans cet espace par groupe afin de limiter l’affluence. Semblable à un labyrinthe, le parcours est agencé pour longer chacune des peintures de l’artiste ; nous nous imprégnons de sa touche énergique, de la matière picturale dense, de ses couleurs profondes… Seulement pour les plus chanceux d’entre nous qui peuvent s’en approcher.
Vincen Van Gogh, La Nuit étoilée, Arles, 1888, huile sur toile, Paris, Musée d’Orsay
Tiens ! la file se sépare, je me faufile dans l’espace libre et je me trouve en face de La Nuit étoilée (1888) : les nuances des bleus, les reflets des lumières, l’agitation des vagues, le couple surgissant dans le cadre de l’artiste, fixé instantanément dans la peinture. Tout se confond et s’oppose en même temps. Cette toile est pleine de vie par le trait sinueux et vibrant, par le mouvement de l’eau, par la présence impromptue de ce couple, se promenant le long de la rive. À la fois tumultueuse et apaisante, cette vue d’une ville en pleine nuit, au bord de l’eau renvoie à la personnalité trouble de l’artiste, empreinte d’une certaine agitation intérieure.
Au bout du labyrinthe, une boutique remplie d’objets à l’effigie du peintre termine la visite. Je ne peux m’empêcher d’acheter une reproduction du seul tableau que j’ai pleinement contempler. La Nuit étoilée à la main, je continue l’exploration du musée.
Caroline.
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Van Gogh/Artaud. Le suicidé de la société - Musée d’Orsay
1, rue de la Légion d’Honneur 75007 Paris
9h30-18h (mardi, mercredi, vendredi, samedi et dimanche)
9h30-21h45 (jeudi)
Fermeture le lundi