Pierre Gattaz, président du Medef a mis le feu aux poudres mardi 15 avril en se prononçant favorablement pour l’instauration d’un salaire « transitoire » inférieur au salaire minimum. Si du côté du PS, on se dit indigné, Laurence Parisot, ex-patronne du Medef a dénoncé une « logique esclavagiste ». Si l’Allemagne se targue d’un taux de chômage à 6% grâce à l’absence de salaire minimum, cette baisse est-elle vraiment une solution contre le chômage ? Quelles en seraient les conséquences ?
Les jeunes, exclus du marché
C’est l’éternel problème qui se pose à tout nouveau diplômé : se voir refuser un travail pour manque d’expérience, sans que personne ne le laisse jamais acquérir cette expérience si précieuse. Du côté des entreprises, cela peut se comprendre du fait que pour les jeunes, le doute quant à leurs compétences est permis. Embaucher quelqu’un de plus expérimenté, quitte à élever un petit peu le coût du travail, permet de limiter les risques et de s’assurer le succès de la mission confiée. Ainsi, 24% des jeunes se retrouveraient sans emploi. Un Smic moins élevé permettrait aux entreprises de prendre moins de risques, mais rien n’est moins sûr…
Aussi touchés par ce phénomène, les travailleurs peu qualifiés dont le Smic serait trop élevé comparé à leur productivité horaire. C’est alors que l’Etat intervient non pour baisser le Smic mais plutôt les charges pesant sur l’emploi. Ainsi c’est une baisse du coût du travail pour l’entreprise et non une baisse de revenu pour les travailleurs. Mais que l’on ne s’y trompe pas, c’est bien de la baisse du Smic (le revenu) lui-même que l’on parle ici.
Positif à court terme mais catastrophique à moyen terme
Si à court terme, cela abaisserait le chômage à un niveau record ; à moyen terme les entreprises risqueraient de se spécialiser dans une main d’œuvre peu qualifiée dans leur quête permanente à plus de productivité et de parts de marché dans le marché extérieur.
Toutefois, cela créerait une nouvelle classe de travailleurs, les « working poors » comme il en existe déjà en Allemagne. Ainsi, pour garantir un niveau de vie décent à ces population, l’Etat se verrait dans l’obligation de verser des primes à l’emploi. Une catastrophe. L’Etat ne percevrait donc plus de charges de la part des entreprises, mais se retrouverait à devoir verser des exonérations. Une situation intenable actuellement, à l’heure où Manuel Valls annonce vouloir faire des économies de 50 milliards.
La solution : un nivellement par le haut
Il existe en réalité deux solutions au problème des travailleurs moins rentables que le niveau du Smic : soit on baisse le Smic soit on forme mieux ces travailleurs pour augmenter leur productivité. La France adopte une position intermédiaire qui est de maintenir un Smic élevé et de baisser les charges pesant sur l’emploi.
Finalement, on revient toujours à la question de l’éducation. La France se targue d’avoir un système éducatif performant, exigent et universaliste notamment par le système des classes préparatoires et des grandes écoles. Toutefois, même ce pan de la société française est mis à mal à travers les multiples coupes budgétaires qu’il subit. Abraham Lincoln, lui, a fait son choix : « Si vous trouvez que l’éducation coûte cher, essayez l’ignorance ».
Simo