Le Molière des débuts, s’il n’avait pas été Molière à la fin, l’étudierait-on encore ? Le Médecin volant est fait du burlesque de situations connues : un valet, un vieillard, une fille à marier, un amoureux que le père ne veut pas, et les développements que tout cela induit, un médecin qui parle d’Hippocrate et de Galien (et là, je pense automatiquement à Brassens : « Hippocrate dit Oui c’est des crêtes de coq, et Galien répond Non c’est des gonocoques » ! mais ça n’a rien à voir avec Jacqueline et Marcel qui interprètent devant nous cette pièce de jeunesse de Molière) et analyse l’urine en la buvant… Malins, Jacqueline et Marcel changent l’urine en champagne - miracle ! - qu’ils font goûter à une spectatrice. Et il y a les avions qui survolent Saulx-les-Chartreux, l’occasion pour les comparses d’aller faire un câlin à quelqu’un ou quelqu’une dans le public. Il faut jouer la pièce en 45mn, c’est le contrat qu’ils passent dès le début. On ne va donc pas faire toutes les scènes mais peu importe, c’est le jeu qui compte, c’est la capacité d’improvisation des acteurs, interpellant celle qui rit fort, jouant avec le photographe du premier rang, et rappelant qu’il suffit que le comédien dise qu'il a une jolie robe pour devenir Sabine, la cousine, qu’il suffit d’un imperméable à la comédienne pour se transformer en médecin, et qu’une valise peut faire l’affaire s’il faut une façade à la maison du vieux barbon. Quant au champagne, c’est du vrai, on ne plaisante pas avec ces choses-là.