Comme 5 millions de personnes dans le monde, j’avais lu il y a longtemps « La mémoire d’Abraham » paru en 1983. Et il faut bien dire que Marek Halter est un conteur exceptionnel, particulièrement prolifique. Un homme de paix et de générosité dont la carrière est époustouflante, au service de la concorde entre les hommes, en particulier pour résoudre le conflit immémorial israëlo-palestinien.
Voici donc la plus récente pierre à son édifice. Et cette pierre, bien entendu, est noire, c’est celle de la Kaaba. A mon âge, je pensais savoir le nécessaire sur les origines de l’Islam … Eh bien, j’ai appris avec passion l’histoire de cette femme intelligente, fière, courageuse, qui fit de Muhammad son époux, malgré la différence d’âge et de classe sociale. C’était son destin, comme fut son destin de donner à son époux quatre fille et un fils, hélas mort dans un accident stupide.
La forme du récit est celle d’un conte des mille et une nuits, dans un paysage de désert immuable. On dirait que le temps n’a pas eu de prise sur les habitudes des Arabes et des Bédouins du Hedjaz. Nous sommes transportés au 7ème siècle de notre ère chrétienne, au pas chaloupé des chamelles, dans les sables du désert et à Mekka, la ville sainte construite autour de la pierre noire et de la source Zamzam.
C’est l’histoire d’un jeune homme épris de justice, saisi par le Dieu Unique, comme celui de Moïse et celui de Jésus dont Muhammad connaissait l’influence, vécue au travers de Khadija sa première épouse. C’est le cheminement lent qui va de l’animisme primitif et de l’adoration des idoles inertes vers le concept bien plus intellectuel de la soumission à un dieu tout puissant, qui dicte ses préceptes à son Prophète.
C’est aussi un roman qui captivera ceux qui le liront, accessible, plein de rebondissements, juste un peu didactique mais jamais prosélyte, qui devrait permettre à beaucoup de lectrices et de lecteurs non-musulmans (et peut-être aussi musulmans ?) d’en apprendre énormément sur cette deuxième religion présente dans notre pays. C’est sans doute le propos de l’auteur à l’impressionnante liste d’ouvrages – qui court sur deux pages – et qui commença sa longue carrière comme artiste peintre, à l’école des Beaux-Arts !
On a hâte d’en connaître la suite, car après Khadija, ce sera au tour de Fatima de poursuivre l’œuvre des saintes femmes de l’Islam.
Khadija, les femmes de l’Islam, roman de Marek Halter, Chez Robert Laffont - 365 p. 21,50€