Le glamour est une invention américaine, hollywoodienne plus précisément : à la naissance du cinéma mass market et planétaire, les studios californiens prennent des stars sous contrats et les transforment en objet du désir grâce à un mélange de séduction préfabriquée, de maquillage et coiffure apprêtés, de vêtements suggestifs, de postures sensuelles, d’accouplements organisés pour attirer tous les regards. Le sortilège de l’image opère et suggère un glamour marchand où l’érotisme évocateur le dispute au charme lascif.
D’un glamour à l’autre, l’exposition « The Glamour of Italian Fashion » au V&A de Londres (jusqu’au 27 juillet 2014) montre que ce sont nos voisins transalpins qui ont le mieux apprivoisé la sensualité vestimentaire. Trop aseptisée, la mode américaine est bien souvent désincarnée par un fonctionnalisme et une « confortabilité » (pardon pour un tel barbarisme) qui assèchent leur style.
Imprégnée d’une opulence historique qui remonte loin dans l’histoire, la mode italienne est chaleureuse, gourmande, sensuelle, emphatique. Dès les années 45, des couturiers comme Valentino, Gianfranco Ferri, Mariano Fortuny, Roberto Capucci, Emilio Pucci, Simonetta, Sorelle Fontana… dévoilent des silhouettes fringantes épicées d’un glamour maîtrisé qui marque les esprits. Plus tard, à partir des années 60, l’industrie du prêt-à-porter italien voit fleurir de nouveaux talents qui relaient en boucle le charme réjouissant et libérateur de La Dolce Vita, l’esprit de La Dolce Vita. Ce style éternel et sensuel ouvre la voie à de belles Maisons, de grandes marques du luxe, les Armani, Versace, Prada, Dolce&Gabbana, Cavalli, Moschino, Cerruti et consorts dont les collections palpitent saison après saison.
Cette exposition est un hommage au Glamour majuscule, unique, salvateur, noble, en effet, aucun autre peuple ne peut revendiquer ce statut, pas même les Français, nation de mode et d’art de vivre, mais dont la caractéristique est l’Elégance, la aussi majuscule, mais distanciée, aristocratique, tendue par son histoire jacobine, une souveraineté hautaine. Le charme italien est ailleurs, ouvert sur le monde, opportuniste, séduisant, ravageur.
Image : Le glamour à l’italienne où la sensualité faite vêtement © Victoria & Albert Museum