Pluie encore, le gazon gazouille de bonheur après le soleil, les racines frémissent, les herbes vertes s'affolent. Les amoureux se collent sous les parapluies, mais boivent ensemble leurs chocolats chauds sous les paravents des cafés.
D'autres amoureux là-bas, plus âgés, un couple qui a traversé le temps, celui des générations, celles de leurs enfants, de leurs petits-enfants. Lui porte les paquets, elle un bouquet de pivoines, un petit sac de chocolat. Ils dégagent une atmosphère de bien-être, regardant la rue, picorant devant les vitrines, hésitant parfois à entrer. Une vie au ralenti peut-être, mais un bonheur qui se voit. Des projets différents des jeunes étudiants qui s'embrassent plus loin. Lui sort un grand parapluie, jongle avec les sacs, la protège comme il l'a toujours fait, par amour, par cette envie délicate d'être l'épaule sur laquelle elle s'appuie ou s'endort.
Bonheur de printemps et toujours cette pluie fine, les pavés luisent, la rue accepte les passages des vélos, des passants pressés et des promeneurs tranquilles. Chacun son rythme pour se glisser dans un labyrinthe ouvert de gouttes.
La couleur verte l'emporte sur les arbres de la rue, les boutiques jouent de leurs vitrines avec l'été en avant, des tops de coton coloré, des robes de plage, des ensembles pour partir en vacances, pour profiter des week-ends. Des mamans passent avec les poussettes, les petits à l'abri sous une protection en plastique, l'eau coule dessus. Une course sur les pavés vers la boulangerie toute proche, elles doublent le caddy d'une vieille dame. Une ancienne concurrente qui ne fait plus partie de la même catégorie. Elles roulent, foncent, zigzaguent entre les passants étourdis, les enfants rigolent.
Le printemps redonne cette envie de sortir, de profiter différemment des parcs et jardins, pour des balades calmes dans les zones privilégiées et vertes de la ville. La mode elle aussi attend une accalmie pour savourer la saison, cette joie intérieure que l'on veut partager à l'extérieur. Le temps passe, la vie avec, la féminité est en vous.
Nylonement