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Manuel de l'arriviste littéraire (14)

Par Pmalgachie @pmalgachie
Les banquets L’aspirant-écrivain doit avoir bon estomac et pouvoir se rendre à tous les banquets, déjeuners ou simples dîners littéraires. C’est là que ses talents d’arriviste s’exerceront avec profit. Il aura bien soin de se faire placer à côté d’un critique influent, d’un courriériste grognon, ou bien d’un directeur littéraire de quotidien. Pendant le repas, il sera éblouissant de verve, racontera des anecdotes sur les ennemis de ses voisins (se renseigner à l’avance), qu’il ne craigne pas de flatter ceux qu’il veut apprivoiser. Il devra naturellement les appeler « Maître ! » et être en mesure de réciter des fragments de leurs œuvres, tout au moins apprendra-t-il par cœur la liste complète desdites œuvres. Les banquets littéraires ont cela de bon que les plus farouches critiques y perdent toujours un peu de leur indépendance. Ceux qui sont assez stupides pour s’y rendre sont, règle générale, savamment cuisinés par les roublards. Comment voulez-vous, par exemple, qu’un courriériste littéraire, qui a l’habitude d’être très rosse vis-à-vis des écrivains qu’il juge, ne puisse ne pas être indulgent pour vous désormais, si vous avez vidé en sa compagnie de nombreuses chopes et si vous lui avez tapé cordialement sur le ventre, au bout de dix minutes de conversation ? P.-S. La présentation de cette série d'articles publiés dans L'Aurore en 1914 se trouve ici. Ils ont été retrouvés grâce à Gallica.

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