Le 17 avril, le site d’informations Médiapart nous livrait quelques indiscrétions sur la conduite d’Aquilino Morelle, conseiller du président Hollande. Parmi celles-ci, je ne retiendrai que la suivante : « Aquilino a obtenu que ses deux chauffeurs ne soient pas versés au pool commun. Ils sont donc à sa disposition… et à celle de ses proches. Par exemple, le mardi en fin d’après-midi, comme nous avons pu le vérifier, un des deux chauffeurs véhicule son fils pour des activités personnelles dans le XVe arrondissement ».
Du temps où je travaillais, je ne disposais pas d’un chauffeur, ni d’une voiture de fonction, pas même d’une voiture de service. Comme des milliers de professionnels, je menais de front la conduite de mon véhicule personnel et la réalisation de tâches auprès de mes clients. Je n’ai jamais compris pourquoi tant d’excellences avaient besoin d’être véhiculées. On m’objectera que supprimerde nombreux chauffeurs condamnerait beaucoup d’entre eux au chômage mais c’est pourtant bien ce qui arrive à tant de salariés lorsque la concurrence étrangère, les appétits boursiers ou l’incompétence de leurs dirigeants entraîne des suppressions de postes.
Lanature humaine étant ce qu’elle est, il importe de contrôler très étroitement tous les frais de déplacement. Il y a vingt-cinq ans, aux États-Unis, je travaillais dans une entreprise qui était presque l’unique employeur de la ville où elle possédait une usine. L’année s’annonçant difficile, la direction décida que, contrairement à ce qui se pratiquait jusqu’alors, tout déplacement professionnel devrait avoir été au préalable approuvé par un membre de cette même direction. Cette mesure fut si efficace que, trois plus tard, le volume des voyages avait chu brutalement et que plusieurs agences du lieu se trouvèrent au bord de la faillite. Je ne parviens donc pas à comprendre comment M. Morelle, et vraisemblablement d’autres de ses semblables, ont pu disposer, non pas d’un, mais de deux chauffeurs, et il me semble intéressant de connaître la personne qui a permis de soustraire ces chauffeurs du pool commun.
M. Morelle avait le jour même publié sur sa page Facebook une réponse à Médiapart. J’en extrait la perle suivante : « il est exact que mon emploi du temps extrêmement chargé ne m’a pas toujours permis d’aller moi-même chercher mon fils le lundi soir, à 19h30, à la sortie d’un enseignement –ce que j’aurais eu beaucoup de plaisir à pouvoir faire moi-même. » Ce genre de remarque disqualifie totalement ces gens de la gouvernance de leurs concitoyens. Aqulino Morelle s’est-il posé la question de savoir comment une mère élevant seule ses enfants pouvait faire face à une telle situation ? Le rôle d’un politique est d’améliorer la situation des Français, pas d’avoir pour seul souci la sienne.