Cela s'explique pour 3 raisons :
1/ La solution générée semble tellement originale et nouvelle dans le contexte de l'entreprise qu'elle semble s'imposer d'elle-même.
2/ Après avoir scanné rapidement internet et quelques sources d'informations a priori pertinentes (comme les brevets par exemple), rien ne semble obstruer la voie de développement.
3/ Des solutions similaires existent dans d'autres marchés....mais ce sont d'autres marchés.
En fait, toute la subtilité de la solution vraiment innovante tient à la connaissance de ce qui existe déjà : pour gagner du temps, pour savoir quel est le cadre de référence en quelque sorte afin de choisir d'en sortir ou d'y rester en améliorant, en adaptant, en reconfigurant.
C'est même tellement évident (comme la roue !) que l'on peut s'interroger sur l'intérêt du questionnement. Pourtant, si vous avez déjà mené des projets innovants (hors des 10 entreprises les plus innovantes...et encore), vous aurez certainement constaté que :
- les études clients qualitatives ou quantitatives qui ont été réalisées sur d'autres sujets dans votre division sont accessibles, au choix dans des placards différents ou sous différents dossiers de l'intranet,
- l'historique sur les solutions recherchées dans le cadre d'autres projets innovation est au mieux disponible en discutant à la cafétéria avec l'une des personnes concernées, en consultant chacun des dossiers projets ou en feuilletant l'annuaire pour contacter l'ancien responsable qui aurait pû vous éclairer mais qui a quitté l'entreprise,
- cela va vous prendre X jours pour faire un benchmark même rapide et surtout incomplet sur des pratiques déjà existantes ou des fournisseurs qui pourraient apporter des premiers éléments de réponse ou vous avez un benchmark mais qui n'est pas ciblé.
Je ne veux pas dire qu'il faut tout mettre sous Excel, ce que je veux dire, c'est que la disponibilité des bonnes informations au bon moment permet de ne pas réinventer la roue justement. Par exemple, si vous travaillez dans la santé, vous aimeriez certainement connaître la plateforme AHRQ qui pourrait être un des éléments de réflexion à prendre en compte.
Comment faire très simple ? A posteriori, si vous êtes dans une démarche qualité (ou non), rajouter une fiche de synthèse à remplir par mots clés, la liste doit être élaborée et partagée par les parties prenantes au préalable. Puis créer un espace de recherche sur l'intranet pour y accéder directement et, si possible, consolidé par division.
Un exemple concret un peu caricatural ?
Imaginons que vous ayez cerné une attente de la part des personnes qui utilisent un sèche-cheveux (soit environ 80% de la population) : un petit sèche cheveux rechargeable pour les déplacements en week-end etc...
L'idée plaît à tout le monde en interne parce qu'elle permettrait de créer un marché de double équipement (sur un marché mature, c'est le genre d'opportunité qu'il ne faut pas rater) mais malheureusement elle a déjà été testée et les prototypes avaient été jugés peu ergonomiques : la pile rechargeable à l'intérieur obligeait l'utilisateur à se sécher les cheveux allongé à cause du poids de l'appareil.
Pourtant, votre sens de l'observation vous indique que l'industrie des batteries rechargeables a fait beaucoup d'efforts depuis en matière de puissance et de miniaturisation.
Vous demander donc à ressortir le dossier qui, même s'il est bien classé, peut ne pas comporter toutes les pistes de réflexion internes et externes. Vous allez devoir tout reprendre depuis le début...
En conclusion, un projet innovation, même râté, ne doit jamais être refermé complètement, il doit suivre la même logique que celle de notre environnement actuel : ouvert (open) pour permettre d'apprendre, de comprendre et de trouver plus vite, mieux ou différemment.
Bon week-end !
Image : fotosearch