Nobuaki est réveillé en pleine nuit par un étrange message qui met au défi deux de ses camarades de lycée de s’embrasser. À en croire le mystérieux expéditeur du mail, la classe entière participe à un “King’s Game”, un jeu du Roi auquel elle ne peut se soustraire. Jour après jour, à minuit pile, un nouveau défi s’affiche sur le téléphone portable des lycéens, qui finissent par découvrir la cruelle vérité : ils ont 24 heures pour exécuter les ordres du Roi, et la sanction en cas de désobéissance est la mort. Suicides ou meurtres ? Puissance occulte ou criminel de chair et de sang ? La mort s’abat inéluctablement sur ses jeunes victimes, où qu’elles se trouvent et quoi qu’elles tentent pour s’échapper. Le couperet se rapproche dangereusement de nos héros… Parviendront-ils à démasquer le Roi avant qu’il ne soit trop tard ?
Source: Manga-Sanctuary
King’s Game est typiquement le genre de manga qui ne fait pas dans les nuances. Soit on aime, soit on déteste. La faute à un scénario pour le moins étrange. Explications.
La première phase est plutôt bonne avec une entrée en matière douce, qui pose des bases sans qu’on en mesure toutes les conséquences. Par certains aspects, King’s Game commence à la manière de Battle Royale avec la présentation des personnages d’une même classe (leurs relations, les héros, les rebuts), avec la même numérotation. C’est classique mais ça fonctionne alors jusque là, pas d’angoisse. puis vient le vif du sujet, avec les premiers gages. Et comme de bien entendu, les élèves ne croient rien des mises en garde. Grosse erreur. A partir de là, tout part en vrille pour cette classe lambda. Des morts, en veux-tu, en voilà. L’horreur avec un grand H. L’angoisse commence à se faire sentir et cette tension, palpable pour le lecteur, se maintient jusqu’au bout. Même s’il n’y a pas de limite de temps à ce jeu sadique, le mangaka a réalisé son oeuvre comme si un compte à rebours pendait au-dessus de ces têtes innocentes. On ne peut rien reprocher à cette partie. Tout est là pour nous scotcher devant chaque tome mais je conseille à ceux qui le commenceront de ls avoir tous sur la main car l’attente entre chaque sortie fait un peu retomber la mayonnaise. A lire en une fois, c’est beaucoup mieux. On ressent bien mieux le danger inhérent à la situation.
Les personnages sont donc de jeunes lycéens et il ne faut s’attendre à des miracles. Néanmoins, dans leur rôle de pigeon qu’on tire à la volée, ils font leur office, surtout le héros qui s’en sort avec les honneurs. Pas facile d’affronter la mort de toux ceux qui nous sont chers, surtout quand on ignore le pourquoi du parce que. Cependant (oui, j’aime bien les rebondissements ^^), je trouve qu’ils manquent tous de profondeur et que le mangaka aurait pu aller plus loin dans leur caractère. Dans cet optique, je pense à Ria, jeune fille mystérieuse que rien ne perturbe mais qui est sous-employé à mon gout. A contrario, d’autres ont une place qu’ils ne méritent. Je pense ici au meilleur ami de Nobuaki. Il est très fade, sans relief et apparait beaucoup. Bon, c’est vrai que la fin, il fait preuve de courage mais ça ne rattrape tous les autres manques. Je dirais bien que Chiemi est dans le même registre (c’est la copie conforme de Noriko dans Battle Royale) mais elle agit quand même et n’hésite pas à se sacrifier quand il le faut.
J’en profite pour généraliser les personnages. Dans ce genre de survival game, il est évident que la psychologie joue un rôle prépondérant. Et là dessus, rien à dire. On assiste à un large panel des émotions humaines, ainsi que leurs réactions face au stress (enfin, stress. Plutôt sacrément grosse frousse). Certains baissent les rbas, d’autres pètent une durite, d’autres passent par tout le spectre. La confiance n’est pas de mise et surtout, on ressent leur angoisse à travers les pages. On ne sait d’ailleurs pas comment on réagirait à leur place. Pas facile d’attendre un message sadique, de le faire ou d’attendre une mort horrible. Pourtant, malgré un bon point, je regrette encore une fois que l’auteur ne soit pas allé au fond des choses. Je pense qu’il y avait matière à faire encore plus. Certains actions extrêmes manquent et la panique fait facilement place aux réactions les plus cruelles. Mais bon, je dis ça uniquement parce que je suis pointilleux ^^
La fin maintenant. Voilà la grande question. En effet, au fil des tomes, on attend l’explication qui nous fera comprendre pourquoi des têtes tombent toutes seules ou que des lycéens prennent feu sans essence. Et à mon sens, ce n’est pas satisfaisant. Le mangaka a opté pour une explication scientifique mais il s’est raté. La science, malgré une théorie intéressante, n’explique pas tout et ne justifie pas le bain de sang. Pourtant, l’idée de passer par les téléphones, véritables modes chez les jeunes, a fait ses preuves. Seulement, elle ne suffit pas. Certes, il est compliqué de conclure une telle boucherie mystique mais il y avait sans doute mieux à faire. Le fait de rester trop « réaliste » a porté un coup négatif au manga je trouve. Quitte à faire dans le sensationnel, autant le faire jusqu’au bout. Je n’aurais pas cru dire ça un jour mais pour une fois, une explication un peu fantastique aurait mieux tenu la route. Personnellement, la fin me parait bancale et ne tient la route que si on ne regarde pas trop en détail.
Il m’a fallu deux lectures pour bien cerner King’s Game. J’ai l’air de descendre en flèche le manga mais dans l’ensemble, j’ai apprécié. Tout n’est pas parfait, la fin notamment, mais pour une survival, King’s Game s’en sort avec les honneurs.