… le bistrot parisien par excellence …
Souvenir, souvenir… Un des grands moments de la vie familiale, lorsque l’on est enfant, est le repas du dimanche. Ce moment privilégié réunissait à lui seul tous les fondamentaux d’un bonheur cependant fugace et insaisissable : l’amour, le sentiment de sécurité, de protection, de stabilité, potentialisé par le rituel de la table, de la chaleur des plats, de la gourmandise exacerbée les desserts arrivant. Le sucré, ce goût magique qui ne nous quittera plus, rassasié par le gâteau fait par la mère ou, plus sophistiqué et plus merveilleux, par le pâtissier. Et les grands parlaient, et riaient… et cette sensation si forte que cela ne prendrait jamais fin.
Plus tard, bien plus tard, à chaque arrivée d’un dessert sur une table, un dessert « normal » pas les élucubrations géométriques et aériennes de nos petits génies de la pâtisserie qui ne laisseront aucun souvenir dans trente ans, revient en nous ces moments de l’enfance. Le gâteau, pour toutes ces raisons et sensations, est unique.
Alain Ducasse aime à se remémorer et à faire revivre ces instants privilégiés. Dans son magnifique bistrot parisien, il propose chaque dimanche, au déjeuner et au dîner, une sélection de six desserts « parisiens » à déguster à l’unité ou en assiette de trois en petites portions. Ils sont six en tout.
Religieuse au caramel beurre salé (impeccable), et une Tartelette citron composée d’une pâte sablée, marmelade et crème citron, meringue, citron caviar (classique et goûteux). Pour le chocolat, Succès noisette-café : une aumônière en chocolat noir, crème mousseline au café, biscuit craquant à la noisette (un peu bancale dans les textures), et une Tartelette chocolat (de la Manufacture Ducasse) absolument délicieuse, puissante et fine. Pour finir, un chef d’œuvre : le Saint-Honoré, éternel, tel qu’en lui-même et immuable, ici totalement remarquable ; et un invité venu d’ailleurs, l’Allemagne en l’occurrence, la Forêt Noire sur une base de biscuit au chocolat, mousse de mascarpone au kirsch, cerises confites et recouvert de chocolat noir, presque la version originale (manque la chantilly) mais moelleux et rassasiant à souhait. Encore une bonne idée gourmande de Ducasse qui remet en place un rituel du plaisir de manger tout simplement.
Pour le reste, le chef Eric Azoug, en grande forme, envoie des assiettes remarquables pour la plupart, copieuses, goûteuses, heureuses, affectueuses, harmonieuses, et somptueuses. Les amuse-bouches, véritables entrées à eux seuls, sont des petits chefs- d’œuvre : foie gras d’une finesse incroyable sur toast craquant (et rien d’autre !), fromage de tête rustique et beau, et les sempiternelles gougères servies bien tièdes et dont on ne se lasse jamais. Des Asperges de Provence à la cuisson parfaite (pas al dente !) servies avec une sauce mousseline truffée diabolique. Un Filet de bœuf sauce bordelaise à la moelle comme on pensait ne plus en déguster, flanqué d’un gratin de (petits) macaronis bien sur la crème comme il se doit (en tout cas à Lyon). Le turbot aux cébettes, épinards, sauce au vin jaune, est un peu tristounet, mal construit surtout dans une assiette presque creuse, et faible sur les saveurs. Et les desserts….
Sommelier parfait dans le look avec son beau tablier en cuir et dans ses propositions de vins au verre : incroyable Chablis Premier Cru de chez Garnier, fruité, presque « gras », et pas du tout « coquillages », et un fameux Savigny-lès-Beaune 1er Cru Bataillère aux Vergelesses de chez Albert Morot.
Accueil parfait, service jeune et expérimenté, ambiance du soir formidable, vivante, gourmande et joyeuse. Benoît, ou le bistrot parisien par excellence.
Restaurant Benoît
20, rue Saint Martin
75004 Paris
Tél : 01 42 72 25 76
www.benoit-paris.com
M° : Hôtel de Ville
Ouvert tous les jours
Menu déjeuner : 38 € (3 plats)
Carte : 85 € environ
Les Parisiennes : 7 € à l’unité
15 € l’assiette de trois pâtisseries
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