Le mardi au sein de cette rubrique vous allez découvrir dix portraits de pères. Des gens différents, des situations différentes, des galères, des joies, des concessions et du bonheur aussi. Merci à eux.
Rencontre avec Yves, 53 ans (Boulogne Billancourt), papa de Maeva 25 ans, Julien 21 ans et Lucie 17 ans.
Elle était comment ta vie Yves avant de connaître cette séparation ?
Avec le recul d’aujourd’hui je dirais à 100 à l’heure, jamais le temps pour rien, encore moins pour ma femme ni pour mes enfants. J’ai travaillé comme un chien la tête dans le guidon pour avoir une belle maison et du pognon. C’était un choix de vie à deux que je regrette complètement.
Cette vie ne te suffisait plus ?
Je pense que j’aurais pu continuer ainsi pas mal de temps. Au final je m’occupais de rien, ma femme ne manquait de rien et les enfants non plus. Puis petit à petit notre couple s’est enfoncé, de moins en moins de partage, un amant, une maitresse, nous sommes restés ensemble pour les gosses. La pire connerie, le pire des choix. Nous nous sommes séparés finalement y’a 7 ans suite à une grosse galère, un moment franchement difficile Maeva avait 18 ans un âge pas simple pour vivre une séparation.
Une grosse galère ?
Oui suite à une énorme restructuration d’entreprise, la société m’a licencié presque du jour au lendemain. Le couple n’a pas survécu au choc, les galères, l’argent qui va commencer à manquer, bref mon ex-femme a préféré claquer la porte. Ceci étant je lui en veux pas, notre couple était à la dérive je pense que le moindre petit grain de sable suffisait à faire stopper la machine.
Se reconstruire seul, recommencer une nouvelle vie, pas simple ?
Bah non et encore moins en faisant le bilan. J’ai pris du recul tout de suite, ras le bol de travailler comme un chien, ras le bol de ne pas profiter, me rendre compte que j’ai pas vu les gosses grandir… dans la balance la belle bagnole et la belle maison je peux te dire que ça ne pèse pas lourd au final. Puis pas simple de redevenir un papa solo avec des enfants que tu n’as pas pris le temps de connaître. Je regrette infiniment.
Et ta vie d’aujourd’hui alors ?
Profiter. Contempler. Ne rien branler. J’ai pris conscience un peu tard que la vie passe très vite et que j’ai plus de 50 piges. Je regrette mon absence et mon choix de vie de l’époque mais je ne regrette pas ce que je suis aujourd’hui. C’est l’avantage de ma séparation. Je me suis retrouvé à vivre dans 50 m2 le truc que je ne connaissais pas, et puis tisser les liens avec mes enfants. Une harmonie s’est installée depuis. 7 ans en même temps ça passe si vite. Je vis plus modestement qu’avant, l’image de la belle famille qui vit dans une belle maison est un peu loin désormais, mais franchement je m’en fiche royalement. Le matériel j’en veux plus. Bref j’ai changé.