iZOMBIE
Drama // 42 minutes
Ecrit, produit et réalisé par Rob Thomas (Veronica Mars, Party Down, 90210). Co-écrit par Diane Ruggiero (Veronica Mars, Bates Motel). D'après les comics de Michael Allred & Chris Robertson. Pour The CW, Warner Bros. Television, DC Comics & Rob Thomas Productions. 62 pages.
Olivia Moore, surnommée Liv, une étudiante transformée en zombie lors d'une soirée qui a très mal tourné, travaille en tant que médecin légiste afin de pouvoir profiter du festin que représentent pour elle les cervelles des défunts. A chaque bouchée, elle hérite des souvenirs de la personne. Cherchant désespérément un sens à sa vie, elle se rend compte qu'avec l'aide du détective Clive Babinaux, elle peut résoudre les affaires de meurtres et calmer ainsi les voix qui la tourmentent dans sa tête...
Avec Rose McIver (Once Upon A Time, Masters Of Sex, Power Rangers RPM), Malcolm Goodwin (Breakout Kings), Rahul Kohli, Robert Buckley (Les Frères Scott, 666 Park Avenue, Lipstick Jungle), David Anders (Alias, Heroes, Vampire Diaries, Once Upon A Time), Alexandra Krosney (Last Man Standing), Nora Dunn (Saturday Night Live, Entourage)...
En 2011, la CW, sous son ancienne présidence, avait tourné un pilote intitulé Awakening, centré sur deux soeurs dont l'une était un zombie, à l'aube d'une révolte des morts-vivants. Lucy Griffiths et Titus Welliver figuraient au casting. Malgré le succès balbutiant de The Walking Dead, la chaîne n'avait pas commandé la série, lui préférant The Secret Circle et Hart Of Dixie. Trois ans plus tard, elle retente le coup avec une adaptation de iZombie, une franchise DC Comics, signée Rob Thomas, le papa de Veronica Mars, tout juste revenu en odeur de sainteté grâce à la résurrection "cinématographique" de sa série culte. En associant les ingrédients qui ont fait son succès avec la mode des zombies, le monsieur s'assure d'avoir un nouveau show à l'antenne à la rentrée. iZombie n'a pas soulevé en moi un enthousiasme énorme, mais je dois lui reconnaître une sacrée efficacité et du potentiel !
Autant le dire tout de suite : ce qui m'a posé problème dans ce pilote, c'est son aspect procédural très très fort, qui était certes présent dans Veronica Mars, surtout au début -et cela me dérangeait déjà à l'époque- mais qui avait le mérite d'être souvent très léger, caustique, et qui ne concernait pas que des meurtres mais toutes sortes d'affaires de moeurs. Et tout cela se déroulait dans un univers ado, dans le microcosme que représentait la petite ville de Neptune, son lycée, ses riches habitants. Les enquêtes étaient du bricolage de détective en herbe. C'était fun à tous les niveaux ! Et puis le vernis craquait et plusieurs personnages très superficiels au premier abord se révélaient, apportant plus de profondeur et de drama. iZombie est d'emblée plus sombre et moins légère, placée dans un univers qui n'est pas du tout atypique : la ville pluvieuse de Seattle. Ses héros sont plein d'humour et ça c'est l'élément qui m'a le plus convaincu, mais elle n'en reste pas moins plus classique dans la forme ET dans le fond. Veronica Mars possédait qui plus est un fil rouge, plusieurs même si l'on élargit aux saisons suivantes, qui permettait de maintenir l'intérêt même quand les cas du jour nous passionnaient un peu moins. Ici, il y a un fil rouge qui se dessine à la toute fin d'épisode, en guise de cliffhanger, mais il n'est pas particulièrement excitant. En gros, l'héroïne découvre qu'elle n'est pas la seule zombie de Seattle. Ce dont on se serait évidemment tous douté ! Il y en a au moins un autre, décrit comme le big bad de la série, incarné par celui qui joue toujours les big bad dans les séries fantastiques : David Anders. Personnellement, ça ne me suffit pas à ce stade. Il va falloir grandement développer cette partie-là pour me faire rester plus de deux ou trois épisodes...
Mais iZombie marque des points dès qu'il s'agit de son héroïne, attachante et cynique à souhait, des dynamiques entre tous les personnages, principaux ou secondaires, et ses dialogues très rythmiques, succulents, dont on ne peut que se délecter. On retrouve là sans conteste la plume affûtée de Rob Thomas, qui adore balancer à tout bout de champ des références à la pop culture, je pense notamment à Lady Gaga, puisque son vrai nom -Stefani Germanotta- est utilisé pour identifier la victime principale du pilote; ou Grey's Anatomy, dans ce passage que j'ai adoré : "Four years of pre-med. Four years of med school. Ten seasons of Grey’s Anatomy -- and yet I don’t know the answer to the most pressing biological question of my life. What’s safe sex for a zombie?". Il s'agit d'ailleurs d'une des nombreux phrases en voix-off prononcées par l'héroïne, un procédé que certains détestent, que moi j'adore la plupart du temps, et qui trouve ici tout son sens et apporte énormément au ton général de la série. Liv est hyper cynique, comme je le disais, sur son état, sur son futur, sur les gens qui l'entourent et qui ne la comprennent plus... et cela m'a fait irrémédiablement penser à la fascinante George de Dead Like Me. La phrase suivante, elle aurait pu tout à fait la prononcer : "When you die, life goes on without you. If you’re among the living dead, you get to watch.". De toute façon, Rob Thomas et Bryan Fuller ont le même type d'écriture, sauf que ce dernier est obsédé par la mort et l'horreur, alors que le créateur de iZombie est d'habitude plus "pop". Il faudrait qu'ils s'associent pour faire un truc un jour. Ce serait génial !
Bref, iZombie fonctionne en grande partie grâce à son humour à toute épreuve. Le trio formé par Liv, son collègue Ravi et le détective Clive Babinaux marche du feu de Dieu car ils ont beaucoup de répondant et se renvoient la balle à la perfection. Mais la coloc' de Liv est amusante aussi; sa mère est odieuse mais drôle dans sa méchanceté; Major Lilywhite, son ex, est rigolo malgré lui tant il est le stéréotype du beau gosse qui n'a rien, mais absolument rien à dire. Quant au petit frère de Liv, Evan, il est peu présent mais on sent tout de suite qu'on pourrait s'attacher à lui facilement. Il a l'air profondément gentil et aimant. En début de pilote, Liv doit faire face à une "intervention" de la part de sa famille et de ses amis et c'est vraiment très amusant, en plus d'être un excellent moyen de tous les introduire en une seule et même scène. L'autre truc assez réussi mais du côté des enquêtes cette fois c'est les effets lorsque Liv se met, malgré elle, dans la peau des victimes. Si Rob Thomas, qui est aussi le réalisateur du pilote, parvient à aller au bout de ce qu'il a imaginé sur le papier, ça devrait rendre super bien. Après, le système de "visions" à la Medium et compagnie, je ne suis pas fan sur le principe... Enfin, vous devez tous vous demander comment sont traitées les scènes où Liv mange de la cervelle. Eh bien c'est très simple : étant donné qu'elle n'est pas fan du goût, elle la coupe en morceaux et plonge ceux-ci dans un bol de pâtes chinoises, avec beaucoup de tabasco. Yep, c'est ridicule...
iZombie n'aura pas de mal à trouver des amateurs, notamment une partie des anciens fans de Veronica Mars qui y verront un palliatif honnête, mais je ne parierais pas nécessairement sur un grand succès, même à l'échelle de la CW. Elle a beau fonctionner, amuser, il lui manque quelque chose, en tout cas au stade du pilote, pour totalement vous emporter...