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Mort d'un cocu

Publié le 21 avril 2014 par Dubruel

LE PETIT (d'après Maupassant)

Pendant cinq ans,

René Tubeuf avait aimé sa femme Lily

Mais ils n’eurent pas de descendant.

Un jour enfin, Lily

Mit au monde un enfant

Qu’ils appelèrent Guy.

Mais hélas, elle dût sacrifier sa vie

Pour que le bébé puisse exister.

René éleva son petit

Avec une inlassable dignité.

Or, trois fois par semaine,

Un ami du ménage, François Dumaine

Venait diner chez eux.

Au dessert, invariablement

François s’exclamait :

-« Comme on est heureux ! »

Il chérissait le petit Guy tendrement.

Par contre, Jean, le serviteur de René,

N’aimait pas le jeune Guy.

Lors d’un repas, l’enfant repoussa

Son assiette en faisant : « Pouah ! »,

Le serviteur s’approcha alors de lui,

Saisit la cuiller et l’enfonça

Dans la bouche du petit Guy

Qui s’étrangla, cracha, toussa…

Son père, pris de furie,

Se leva, étreignit Jean

Et le jeta dans le corridor :

-« Brute ! Dehors ! Dehors ! »

Le valet balbutia, tout tremblant :

-« Ne me traitez pas ainsi ! Vous …

Ce morveux n’est pas à vous !

Demandez à l’épicier, au boulanger…

Tout le monde le sait.

Regardez-le !

C’est le portrait de M. Dumaine, votre ami.

Regardez ! Le même nez, les mêmes yeux…»

Abasourdi, M. Tubeuf alla coucher son fils.

Le lendemain,

Jean, qui montait à René

Son plateau de petit-déjeuner

Comme chaque matin,

Découvrit son maître pendu.

Il appela le docteur Delarue

Qui affirma que la mort remontait

À la veille, vers minuit.

Sur un papier,

Le suicidé avait noté :

François, je vous confie le petit.


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