Ma bibliothèque a l'art de mettre en avant les nouveautés. Le chargé de présentation doit aimer une thématique. Après Les Erections Américaines, je vous livre Paris est un rêve érotique.
Paris est un rêve érotique est le premier livre de Thibault Malfoy, 30 ans au compteur. L'histoire est celle d'un mec (je ne crois pas qu'il est de prénom et encore moins de nom) qui sort avec une fille, Zoé. Ils n'ont pas trente ans. Zoé invite le narrateur au cabaret pour son anniversaire. Dans ce cabaret, il y a Cecilia, une ancienne copine de danse de Zoé. Et la futur obsession de notre narrateur.
Paris est un rêve érotique est un roman plutôt court. Et assez décevant. Un peu comme pour Les Mannequins ne sont pas des Petites Filles Modèles. Thibault Malfoy nous décrit une société de bobo et d'hipster assez irritante. En tout cas de mon point de vue. Car ces personnages n'ont rien à raconter. On ne sait pas de quoi ils vivent, consomme bon nombre de breuvages (du thé de Chine ramené par un amis, au cocktail au nom Bac+7), bon nombre de vêtements (au choix entre sous-vêtements sexy et ballerines bon marché), bon nombre de drogues (somnifère maison vendus dans l'arrière boutique d'un apothicaire), bon nombre de connaissances (sans jamais que ça semble avoir un impact réel sur les personnages). Tout est prétexte à consommation, à représentation. Et tout est traité avec ennuie, flemme, désabusement.
Ce qui rend en plus le livre difficile c'est qu'ajouter à ces désillusions, l'auteur mélange réalité, fantasme, rêve et mirage. Ce qui rend la narration compliqué. On est rarement captivé par l'histoire, mais en plus on nous parachute n'importe où sans vraiment nous informer. Il y a pas mal de passages que j'ai lu, d'abord en cherchant à comprendre et puis au final en survolant l'histoire. Et à la fin vous n'avez de toute façon pas plus d'indications, donc vous ne ratez rien.
Paris est un rêve érotique fait partit de ses romans du désenchantement du monde. Je reprend cette expression de Max Weber. A la base cela concernait le recul des croyances religieuses et magiques. De nos jours je crois que ça touche la volonté, le courage, le destin ou le désir. J'ai parfois l'impression d'être un dinosaure. Je suis assez d'accord avec la résolution de mon directeur d'école de "changer le monde". Je n'y arriverait peut-être jamais mais si je peux y contribuer. Ma vie est bourrée d'envie et détermination. Alors pourquoi est-ce que je tombe sur autant de vies vides?
"-Dis-moi, tu es heureuse? Je veux dire, avec moi?
-Oh, il est bien tard pour ce genre de conversation. Nous devrions rentrer, la soirée a été longue."
Il y a ceux qui ont un besoin de remplir sa vie par l'horreur d'un massacre (Les érections américaines), de ressasser des souvenirs jusqu'à la corde (L'ange Bleu) ou de juste exprimer l'ennuie (la plupart des films de Sofia Coppola). A croire que la volonté et la persévérance sont has-been. Je croise aussi (heureusement) des livres avec un peu de caractère et d'initiative. Pas forcement traité comme du spectaculaire en plus.
Car aucune difficulté ou réel doute ne semble étreindre le narrateur. Au lieu de se shooter aux narcotiques pour dormir la nuit, je lui conseille de trouver un projet pour ces jours.
Il y a aussi la longue énumération des expériences "hipster". L'auteur ne garde que ce qui est "cool" et "beau". Les deux filles que le personnage fréquente sont belles, grandes, élancées, seins superbes et cuisses parfaites. Mais à côté de ça, elle ne semblent pas avoir une conversation très évoluée. Désespérant. Remarque le narrateur non plus. Remarque le narrateur de parle jamais vraiment. Il ne semble pas avoir un ami. Et la personne à qui il parle le plus semble etre celle avec qui il baise. Est ce que c'est "branchouille"?
Ajouter à ceci un style parfois difficile, comme un chamallow en pleine fonte, qui rend la lecture encore moins aisée.
"Le miroir te regarde, épie le moindre pore de ta peau, attendra toute une vie s'il le faut pour apercevoir la fêlure par où s'engouffrer."
En conclusion, Paris est un rêve érotique est un premier roman. Avec ce qu'il a de maladroit, de cliché, de "je surfe sur la vague". Trop éloigné de mon monde. Je serai vous j'attendrai le prochain.
Une critique sur chronicart assez raccord avec la mienne.
Le dinosaure vous laisse. Il va voir ses amis!