Frank Lalou et Tina Bosi
Bien avant de devenir un calligraphe de renommée mondiale, Frank Lalou est passé comme un météore dans les pages de la revue Germes de Barbarie avec une nouvelle, Le Foyer d'Abraham, qui figurait au sommaire du numéro 7 publié en mai 1986. Il s'appelait alors Franck Benalloul, patronyme qu'il modifia lorsqu'il commença sa carrière artistique.
J'ai fait la connaissance de ce jeune instituteur de 28 ans originaire de Nice lors d'une exposition de calligraphies organisée à Issigeac quelques mois auparavant. Ces travaux avaient provoqué un engouement immédiat de la part du public et des critiques tant la qualité et l'originalité des œuvres étaient exceptionnelles. Mais voilà, ces calligraphies avaient été dessinées dans les règles de l'art par des écoliers de 7 à 10 ans ! Quel fut donc l'étonnement des visiteurs de l'exposition en découvrant ce que pouvaient faire des enfants convenablement guidés. " Aucune tricherie, seulement une mise en condition rationnelle des gosses. De plus, le matériel que je leur avais distribué était à la hauteur : pinceaux chinois, encres et papiers de qualité ". Convaincu que l'on " ne peut bien calligraphier que sa langue maternelle " le sens de cet exercice était de créer un lien plus intime entre chaque enfant et le Français.
Attiré par les textes mystiques non doctrinaires comme Le Cantique des Cantiques, où le mot Dieu n'est jamais mentionné, ou l'Evangile de Jean, Lalou calligraphie son premier livre unique après un long voyage en Grèce en 1985. Ce sera l'Evangile selon Thomas rapidementacheté par un collectionneur. " Je ne travaille plus les textes, ce sont eux qui me travaillent... J'ai compris ce qu'était la grâce, le geste juste, tout venait d'un coup... Mon travail à venir était tracé. " Cette première vente provoque le déclic et il décide de quitter l'Education nationale pour se consacrer à son art. Les expositions et les publications vont s'enchaîner avec des rencontres décisives. L'une des plus importantes fut celle d'André Chouraqui dès 1986 qui l'introduira chez Albin Michel, éditeur qui publiera plusieurs essais de lui.
Son approche de la calligraphie, même si elle s'oriente vers l'hébreu est très influencée par les arts du Japon. Certains de ses livres uniques ont été acquis par de grandes bibliothèques comme la BNF, la Bibliothèque du Congrès à Washington, la Fondation Sackner, le Musée d'Art Contemporain de Céret, Yad Vashem à Jérusalem .
Le souvenir que je garde de Frank est très prosaïque. Invité à dîner chez lui fin 1985, je me souviens qu'il faisait tellement froid dans la pièce où il nous recevait qu'il alluma les feux de sa gazinière pour tenter de réchauffer l'atmosphère. Au moment du dessert, nous eûmes droit à la cérémonie de l'ananas. Une découpe méticuleuse du fruit qui n'est pas sans rappeler le l partage son temps entre Paris, Namur et Nice. Avec son épouse, la chorégraphe Tina Bosi, il donne des spectacles qui allient chant, danse et calligraphie, mis en musique et mis en scène par le compositeur Didier Douet ( Chado, l'art du thé. D'ailleurs Frank a longtemps pratiqué le Danse avec les lettres, la chair des lettres). Kyodo, tir à l'arc japonais dont il apprécie la gestuelle calligraphique. Aujourd'hui, i
Pour ce qui est du Foyer d'Abraham, ce court texte de fiction inspiré de la légende du Golem comportait déjà plusieurs calligraphies de Lalou. En voici un extrait :
Le lien vers le site de Frank Lalou: http://www.lalou.net/LALOU/Bienvenue.html
Lien vers une vidéo de Tina Bosi: http://youtu.be/rjH9dqq4SME