Olivier Py, nouveau directeur du festival d'Avignon, avait convié il y a quelques jours une quinzaine de blogueurs à Paris pour nous présenter l'avant-programme de la 68e édition. Un signe des temps nouveaux alors qu'il y a deux ans, on avait plutôt senti les organisateurs du In dédaigneux des blogs ...
A notre arrivée au Théâtre de la Ville, lieu de la rencontre, on retrouve Oliver Py en pleine discussion avec une partie de son équipe. Un directeur au travail, un dimanche soir à 20h30, comme si aucune seconde ne devait être perdue pour mener à bien cette 68e édition. D'entrée de jeu, la discussion s'ouvre cordialement, Olivier Py nous encourageant à nous présenter individuellement avant que ne débute l'échange. On en gardera l'image d'un homme abordable. Plutôt encourageant pour la suite.
Cette 68e édition du festival d'Avignon, sera placée sous le signe de la jeunesse. Olivier Py l'avait largement annoncé dans les médias, il réitère ici cette volonté. Aujourd'hui, les moins de 26 ans représentent moins de 12% des spectateurs. C'est trop peu. Pour remédier à cela, un gros effort va être consenti sur la billetterie : une formule "quatre spectacles pour quarante euros" sera proposée aux jeunes. Des actions de communication envers les lycées de la région et l'Université d'Avignon sont également menées.
La jeunesse sera aussi présente dans la programmation. Des spectacles jeune public d'une part mais aussi une plus large place laissée aux jeunes metteurs en scène. Sur les 25 nouveaux venus dans la programmation, la moitié à moins de trente ans.
Le directeur du festival est également revenu sur "l'épisode d'il y a trois semaines" façon pudique de nommer sa - courageuse - prise de position face à l'éventuel victoire du FN à Avignon. Il y a "une force symbolique du festival qui me dépasse moi-même" a-t-il souligné. Cette présence du Front National, il ne s'y résout pas. Si le parti d'extrême droite n'a pas remporté la mairie, il reste présent sur le plan local. Pour étayer son propos, Olivier Py raconte le climat pesant, les interventions malveillantes des partisans du FN lors de réunions publiques sur le Festival. Comme un pied de nez à tout cela, il précise que le spectacle itinérant Othello Variation de Nathalie Garraud et Olivier Saccomano fera étape au Pontet, ville devenue frontiste aux municipales.
Autre volonté du nouveau directeur : multiplier les ponts entre le In et le Off. Lui même a joué l'année dernière dans le Off son Miss Knife. Premier pas : les dates des deux festivals seront cette année alignées. D'autres "passerelles" devraient être mises en place.
Parmi les questions multiples ce jour-là, on souleva la difficulté d'obtenir des places pour certains spectacles, la billetterie prise d'assaut à son ouverture et injoignable. Une question qu'Olivier Py n'esquiva pas. Il est conscient de ce problème. Un service d'alerte lorsque des places sont remises en vente va être mis en place. On attend de voir avec impatience si cela fonctionne... d'autant que la programmation de cette 68e édition est fort alléchante.
Quelques pièces repérées dans l'Avant-programme
On attend avec impatience de découvrir Le Prince de Hombourg, mis en scène par Giorgio Barberio Corsetti (dont on avait adoré Un chapeau de paille d'Italie à la Comédie-Française). La pièce apparait un peu comme la tête d'affiche de ce festival. Présentée dans la Cour d'honneur du Palais des Papes (du 4 au 13 juillet 2014), elle sera retransmise à la télévision mais aussi sur grand écran en plein air, à Avignon, à Marseille et à Paris !Olivier Py ne se contente pas de diriger le festival : il proposera trois pièces dans cette 68e édition. Une création (Orlando ou l'impatience, du 5 au 16 juillet 2014 à La Fabrica) et deux reprises (Vitrioli de Yannis Mavritsakis, du 10 au 19 juillet 2014 au Gymnase Paul Giéra ; La Jeune fille, le diable et le moulin d'après les frères Grimm, du 23 au 27 juillet 2014, chapelle des Pénitents blancs).
Othello Variation de Nathalie Garraud et Olivier Saccomano, d'après l'oeuvre de Shakespeare, sera présenté dans plusieurs villes et villages autour d'Avignon, du 9 au 25 juillet 2014. Christian Schiaretti se plongera dans l'année 68 avec Mai, juin, juillet de Denis Guénoun (à l'Opéra-Théâtre du 14 au 19 juillet 2014) tandis que Thomas Jolly présentera pour la première fois dans son intégralité sa mise en scène d'Henri VI de Shakespeare.
Enfin, on gardera un œil attentif sur Falstafe de Valère Novarina, mis en scène par Lazare Herson-Macarel (Chapelle des pénitents blancs, du 6 au 11 juillet 2014). Le jeune comédien, fils d'Eric Herson-Macarel, semble être un metteur en scène des plus prometteurs.
Ouverture de la billetterie le 16 juin 2014.