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Si vous avez envie d'entendre le grand air de la Reine de la Nuit ailleurs que dans une pub pour les macaronis, et même carrément en live, amis indriens, courez à Equinoxe ce soir. Vous avez peut-être une chance de trouver encore un strapontin au balcon, tout là-haut tout là-haut. C'est un Mozart très Bollywood qui vous est présenté par le Conservatoire et l'école de Danse réunis, en ce mois de mai 2008, sur la Grande Scène de Châteauroux. Equinoxe, toujours entre ombre et lumière. Les ballerines de Nadia Coulon ondoient telles des flammes orange dans un halo bleu. On dirait le match Grenoble-Châteauroux de lundi soir, quand les Berrichons jouaient en orange (sont-ce les palanquées de Hollandais qui infestent littéralement le sud du département qui font tache d'huile ?) contre les Grenoblois en bleu (savourez l'allitération du "bl", SVP). 0-0 ont fait les footeux orange pour sortir de la zone rouge, au grand soulagement des supporters qui se voyaient déjà renfoncés dans la fosse à orchestre. Mais ne mélangeons pas les crampons et les cordes vocales tendues à l'extrême, les maillots mouillés et les saris, colorés, des interprètes de la Flûte Enchantée. Voiles rose fuschia pour Pamina, bleu Nuit pour sa mère en bon éponyme, doré pour Papagena... Turban immaculé sur veste clinquante bleu azuléen pour le Prince Tamino. Sarastro, grand prêtre d'Isis et Osiris, se balade foutrement classe dans un esprit très Mandrake, sa cape flottant sur des épaules majestueuses moulées dans un costume Armami. L'histoire ? une collection de symboles et de clichés, bien sûr, mais rappelons que le livret date du XVIIIème siècle : la Reine de la Nuit, c'est le symbole du mal, de la révolte de la femme contre la suprématie de l'Homme, avec un grand HACHE. L'homme noir, Monostatos, est le seul à retourner à la Nuit, quand tout le monde fait route vers la lumière... mais "l'essentiel est invisible pour les yeux", comme disait un autre fameux porteur de cape. L'essentiel est dans les voix. Des professionnels - Marion Baglan, Baptiste Jore, Romain Champion - côtoient les amateurs, sans rancune aucune. Tiens Romain Champion ? Est-ce une allusion aux caddies (marque déposée) qui servent de véhicule aux trois jeunes chanteurs, sûrement harassés de devoir se produire à une heure aussi tardive. Venaient-ils du même endroit, ces magnifiques carrosses que ceux qui s'entassaient il y a peu encore devant les lycées ? Des saris, des caddies, des couleurs, des voix. Et tout ça pour quoi ? pour moins cher qu'une place de cinéma. Alors, allez-y de ma part, vous n'aurez aucun traitement de faveur, mais vous pourrez même rire un peu avec ce farceur de Papa Gaino Papageno... Juste un truc : prévoyez la bouteille d'eau, ou la monnaie pour faire le plein au distributeur (du Cinémovida !) à l'entracte, parce qu'i'fait chaud, surtout en haut. Et puis ça dure quand même 3 heures... Pour 20 heures, ce soir, même adresse, avec le cinéma en face, mets ton sari, kiki (rire SVP) et cours-y !