Il est une pomme qui changea la face du monde. Ce n'est pas celle, omniprésente, de Steve Jobs, ni celle, soporifique, de Blanche-Neige ; ce fut une pomme anglaise, n'en déplaise à certains, qui chût sur l'occiput de Sir Isaac Newton.
Cette anecdote cocasse fut d'une importance primordiale, non pas pour le tas de lois physiques qu'Isaac Newton inventa par la suite pour donner des cauchemars aux collégiens, mais en devenant la marque de fabrique d'un dessinateur juif d'origine hongroise, Marcel Gottlieb.
Mais il ne suffit pas d'être juif pour se voir exposé au Musée d'art et d'histoire du Judaïsme. Si les portes du musée s'ouvrent pour Gotlib, c'est avant tout pour son talent. Parce que personne avant lui et personne depuis n'arrive à égaler la virtuosité de son trait et la folie de son humour.
La coccinelle qui se balade dans son œuvre, Superdupont qui défend la France, baguette de pain à la main et béret vissé sur la tête, les chroniques zoologiques du Dr Burp, désagrégé en biologie et les enquêtes anticlimactiques de Bougret et Charolles... Exemples parmi tant d'autres de l'absurdité prolixe de Gotlib.
L'exposition « Les mondes de Gotlib » cherche à présenter l'homme qui se cache derrière les planches. Le petit garçon aussi, celui qui voit son père déporté pour ne jamais revenir, celui qui est caché par des fermiers jusqu'à la fin de la guerre. Le jeune homme qui commence par dessiner pour Pif Gadget avant de rejoindre l'équipe de Pilote, Goscinny, Brétécher, Mandryka, Fred et tous les futurs grands noms de la BD française. L'homme qui rit de tout dans les pages de l’Écho des Savanes et de Fluide Glacial. Le tout illustré par des planches originales à faire pleurer de jalousie n'importe quel dessinateur de talent.
Une exposition qui rend un hommage complice et complet à un maître de la bande-dessinée, un homme orchestre de l' « umour », un Monty Python français, trois Marx brothers-en-un. Un fou qui repeint son plafond à la plume, à qui on peut toujours retirer l'échelle, ça fait quatre-vingts ans qu'il s'accroche à son pinceau. Tiens bon Marcel !