Par : Mohamed Fawzi Boucheloukh
La réorientation majeure du dispositif américain en faveur des entreprises a permis de créer 20 millions d’emplois.
Le 22 novembre 2012, le Premier ministre a réuni les concernés par la relance du secteur économique en général et le secteur industriel en particulier et leur a
posé sa fameuse question : “Dites nous où ça cale ? Nous n’avons plus de temps à perde, nous n’avons plus de temps à discuter.” Le président de la plus grande organisation patronale
algérienne, de surcroît ex-ministre de la PME, lui a répondu ainsi : “La relance économique est tributaire de l’investissement, l’investissement lui-même tributaire d’une reconquête des parts de
marché perdues par les entreprises algériennes. On ne peut pas investir si on n’est pas sûr que la production qui en résultera trouve preneur.” Ceci résume la vraie problématique de l’économie
algérienne : comment concilier l’ouverture des marchés avec une stratégie de croissance économique qui vise à améliorer la compétitivité et l’efficience de l’économie et des
entreprises.
Deux questions s’imposent :
Est-ce que ça a calé ailleurs ? Quelle a été la riposte face à ce problème ?
Avec l’ouverture des marchés, un pays européen, que nous connaissons bien, a perdu 900 usines et 100 000 emplois en trois ans. Un autre a perdu 400 entreprises et
80 000 emplois. Au milieu des années 1980, les grandes firmes américaines ont licencié plus de deux millions de travailleurs à cause de l’ouverture de leur marché à la concurrence
asiatique.
La réorientation majeure du dispositif américain en faveur des entreprises, en intégrant l’intelligence économique (IE) dans les années 1980, a permis de créer 20
millions d’emplois dans l’artisanat et la PME.
Un pays maghrébin qui, avec une politique d’IE engagée par des dispositifs modernes tels que sa puissante association d’IE créée en 2006, son centre d’IE et
management stratégique créé en 2012, sa filiale de la puissante association américaine SCIP (Strategic and competitive intelligence professionals), créée en 2013 et son think-tank africain créé
en 2009, a su dépasser son “calage” et avoir de formidables accomplissements, dont l’installation d’une centaine d’entreprises aéronautiques sur son territoire (10 000 salariés, un chiffre
d’affaires à l’exportation d’un milliard de dollars et un rythme de croissance moyen de 15 à 20% par an), un institut des métiers de l’aéronautique, un Salon de l’aéronautique qui s’impose comme
le salon de référence dans la région, illustrent et renforcent la position de ce pays dans cette industrie où il est reconnu désormais comme une plateforme industrielle compétitive à la fois sur
le plan des coûts et de la qualité, à la porte de l'Europe. L’IE est à la fois une politique publique élaborée et mise en œuvre par l’Etat, une démarche d’entreprise et un dispositif pour
territoire, avec un objectif commun : soutenir la compétitivité, la croissance et l’emploi.
J’attends du futur Président qu’il crée les conditions de développement et d’appropriation de l’IE par les acteurs économiques afin d’avoir une économie performante
et des entreprises compétitives. A titre d’exemple, 50 000 toutes petites entreprises ont été créées en 2011, mais 30 000 PME ont disparu durant la même année, faute de leviers de compétitivité,
de boussole, d’œil vigilant, d’un dispositif éclaireur contre ce phénomène : la mondialisation.
B. M. F.
(*) Lauréat du 1er Prix Challenge francophone Veille d’ICC 2010 de Veille-Magazine
- Membre émérite de l’Académie française de l’IE
- Consultant, expert et enseignant en IE
- Membre du comité de pilotage de la formation de master en IE
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