de Patrice Leconte.
Sorti le 16 avril 2014.
Une Promesse est l’adaptation cinématographique du roman de Stefan Zweig, Le Voyage dans le passé. En Allemagne, en 1912, l’industriel Karl Hoffmeister (Alan Rickman) engage un jeune ingénieur en chimie, Friedrich Zeitz (Richard Madden), pour travailler dans son usine de métallurgie. Zeitz devient très vite son secrétaire particulier. Mais des problèmes de santé contraignent rapidement Karl à garder la chambre. Il demande alors à Friedrich de venir vivre avec lui, sa femme Charlotte (Rebecca Hall), et leur jeune fils Otto.
Le trio amoureux de Zweig revisité par Patrice Leconte. Ambitieux et louable projet. Plusieurs obstacles majeurs nous détournent cependant de la passion qui naît lentement entre Friedrich et Charlotte. Tout d’abord, la caméra. Elle est sans cesse en mouvement et nous inflige de perpétuels petits recadrages et zooms très gênants qui nous empêchent de nous poser pour regarder et ressentir. C’est un énorme problème, car la finesse des relations qui prennent vie devant nous demanderaient une grande rigueur, un effacement de l’objectif, qui reste malheureusement omniprésent et fatiguant. C’est d’ailleurs étonnant quand on sait qu’Eduardo Serra, chef opérateur expérimenté et de renom international, est à la baguette. La mise en scène est trop lourde pour donner de la légèreté à cette romance qui pourtant en aurait besoin. Karl est un mari affectueux et attentionné, amoureux de sa femme. On est donc triste, pour Karl, de voir Charlotte tomber peu à peu amoureuse de Friedrich. Le réalisateur doit alors nous convaincre que l’amour adultère est fort, plus fort encore que le mariage des Hoffmeister. Rebecca Hall est parfaite et rayonnante et Alan Rickman convainquant, mais Richard Madden (Game of Thrones) ne fonctionne pas bien avec eux. L’acteur ne dégage pas la séduction et le désir qui attirent Charlotte vers Friedrich. Il est très mécanique et froid, et semble attendre que le scénario fasse son œuvre sans y mettre du sien. Difficile d’être convainquant ! La passion entre Zeitz et Charlotte paraît donc encore plus déplacée.
Patrice Leconte nous a montré, dans Monsieur Hire, Tandem ou Le Mari de la coiffeuse, qu’il était capable de beaucoup de finesse concernant les relations humaines. Le film manque de rythme et ne montre pas l’esthétique et la passion de son ambition. C’est bien dommage, surtout quand on sait que l’écriture de Zweig est profonde, simple et tellement naturelle. Tout ce qui fait défaut à Une Promesse.
Pauline R.
Alan Rickman et Richard Madden.