Roman - 190 pagesEditions Verticales - janvier 2010
Editions poche Folio - septembre 2011
Edouard se remémore le décès du jeune écrivain de 34 ans, Benjamin Lorca, il y a 15 ans. Plus que de s’en souvenir, il se rend même à une commémoration familiale. Il l’a bien connu, l'a édité, il l’a aimé même. 10 ans après le décès, donc 5 ans plus tôt (vous suivez ?) c’est Martin, son frère qui nous le conte à travers leur relation maladroite, insuffisante pour le cadet qui souffre de jalousie. 5 ans après le décès, donc 5 ans plus tôt (vous suivez toujours, n’est-ce-pas ?) c’est Ronan, son ami et collaborateur artistique qui évoque Benjamin, avec ses mots, avec ses souvenirs. Juste après le décès, donc 5 ans plus tôt, c’est au tour de Ninon, la fille avec qui il a entretenu une relation amoureuse intense et incomprise, qui exprime sa douleur, son manque, et sa grande réticence à ouvrir le fichier informatique qui comporte le journal intime du défunt.Sur le papier, la structure du roman paraît alambiquée, complexe, le personnage de l’écrivain semble nébuleux, hautain. En réalité, le roman se lit d’une traite et sa construction fait preuve d’une grande intelligence, donc d’une grande clarté. On aime à découvrir le personnage disparu à travers les récits de l’entourage, mais on aime davantage à les découvrir, eux, les rôles secondaires, dans leurs relations avec Benjamin ou les uns avec les autres.
Extrait :"Comme un certain nombre de maladies mortelles qui ne manifestent leurs symptômes que lorsqu'il est trop tard, Benjamin connaissait sans doute l'évidence et pas si rare difficulté à vivre qui forge les êtres les plus résistants et coriaces, de ceux qui bataillent comme personne, font le plus proprement illusion et qu'on décrète par suite invincibles. A tort, bien sûr."Par le personnage de Benjamin Lorca, l’auteur Arnaud Cathrine se penche sur la mort, sur le suicide, sur le mal-être larvé des personnes qui paraissent solides et indépendantes. Des combattants de la vie qui se heurtent à l’envie irrésistible de baisser les armes, une image de soi bien plus blafarde que celle reflétée par les autres. Est-ce par narcissisme qu’on peut être intéressé de savoir ce que deviendrait la vie sans nous ? De ce que deviendrait leurs vies tout seuls ?Par les personnages de l’entourage de Benjamain Llorca, c’est un portrait familial et affectif qu’a fait l’auteur, en mettant en exergue les relations, les attentes, les rancoeurs, les décalages, les trahisons.Un très beau roman, bien que hanté, bien que cruel, bien que troublant, bien que - bien sûr - riche d’éléments de vie propres à l’auteur.
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