Réalisation: Daniela Thomas et Walter Salles
Scénario: Bráulio Mantovani, Daniela Thomas et Walter Salles
Avec: Sandra Corveloni, João Baldasserini, Vinícius de Oliveira, Geraldo Rodrigues, Kaique Jesus Santos, Roberto Audi
Dans la banlieue de São Paulo, Cleuza, enceinte, mère célibataire, travaille comme femme de ménage pour une famille de classe moyenne. Ses fils sont chacun nés d’un père inconnu. L’aîné, Dênis, est coursier; Dinho, pompiste; Dario est un joueur de football; et Reginaldo, le plus jeune, n’a qu’une idée en tête, retrouver son père, chauffeur de bus, aussi passe-t-il tout son temps libre dans le bus.
Critique :
Sélection officielle du festival de Cannes 2008, Une famille brésilienne met en scène les tracas d’une famille pauvre de la banlieue de Sau Paulo. Une mère esseulée et enceinte donne le ton. Ses enfants sont solitaires, à l’image de celle-ci qui a vécue trop vite et semble usée par la vie. Elle fume et boit alors qu’elle ne devrait pas. Elle perd patience et insulte ses enfants qu’elle aime. Aigrie, elle ressasse, seule, le passé avec sourire. Les photos défilent sous ses yeux, les souvenirs avec. Il n’y a que le foot qui la transporte ailleurs et injecte un peu de vie dans son regard sévère.
Quant aux enfants, ils ont appris à ne rien dévoiler. Ils vaquent avec constance à leurs occupations et communiquent peu entre eux. Ils ont des rêves. Chacun incarne une force silencieuse. Une ambition muselée par la condition sociale. Ils se débattent tout au long de l’intrigue, pour changer de vie. L’échec va les faire douter, les pousser à bout, puis les faire murir. Constamment attentifs à la famille, ils expriment leur affection à travers des actes discrets et des attentions maladroites. Parce que l’importance de la famille s’impose d’elle-même, c’est elle qui permet de survivre dans ce bas-monde inégal.
La réalisation est brute. Elle lâche des scènes de vie à travers une narration peu explicative. La cohérence est implicite et le sens intuitif. Les événements s’enchainent de façon chaotique, porté par des couleurs ternies, ce qui favorise un ton triste. Les réalisateurs racontent avec Une famille brésilienne, un drame constant, une tragédie quotidienne qui a lieu dans les regards, les gestes et les ambitions de ces gens à qui la vie est simplement refusée.
N.M