Cette remarque d’un de mes professeurs me revient : « Vous aimez les biographies, jeune homme ? Vous aimez vivre par procuration. » Lui, évidemment, ne lisait que du très sérieux : romans et, surtout, ouvrages pompeux et pompiers sur les théories littéraires. Ce n’est pas cette conversation qui a mis fin à notre amitié maître-étudiant. Quelques semaines plus tard, je lui annonçais avoir acquis La Chartreuse de Parme. Il rétorque : « Avant de le lire, vous devriez prendre connaissance de l’ouvrage d’un tel sur les défaillances au lit de Stendhal, l’article d’un tel sur la prose stendhalienne et le beylisme… »
Et moi, de répliquer : « Vous ne pensez pas que je devrais d’abord aller au texte ? » Il m’a regardé comme si j’étais le dernier des demeurés.
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Message d’une passionnée de littérature. Elle me félicite de persister à écrire de vrais romans, de ne pas sacrifier aux modes, de ne pas chercher à plaire à l’institution littéraire… J’espère que ma réponse ne la décevra pas trop :
On ne félicite pas quelqu’un parce qu’il a les yeux verts, mesure 2 m ou a les cheveux roux. Il est idiot de féliciter quelqu’un qui vient de gagner à la loterie. On peut être content pour lui, mais on ne le congratule pas : il n’y a là que chance aveugle -aucun mérite.
J’écris les livres que j’aimerais lire ou que je peux écrire. Croyez-moi, je me souhaite un lectorat plus large, ne serait-ce que pour avoir plus de poids auprès des éditeurs. Je ne fais vraiment pas exprès. Si mes textes déstabilisent ou déconcertent, je n’y suis pour rien : je ne saurais écrire autrement, je suis fait comme ça.
Continuez à me lire quand même.
J’y suis peut-être allé un peu fort… Étant donné mon lectorat restreint, chaque lecteur représente une perle rare, un client précieux à ne pas froisser.
L’auteur…
Auteur prolifique, Alain Gagnon a remporté à deux reprises le Prix fiction roman du Salon