SCORPION
Drama // 42 minutes
Ecrit par Nick Santora (Prison Break, Breakout Kings, Vegas). Produit par Alex Kurtzman & Roberto Orci (Alias, Fringe, Hawaii 5-0, Star Trek, Sleepy Hollow, Transformers). Réalisé et co-produit par Justin Lin (Fast & Furious). Pour CBS, CBS Television Studios, K.O. Paper Products, Perfect Storm Entertainment & SB Films. 65 pages.
Walter O'Brien, surnommé "Scorpion", un homme possédant le 4ème Q.I. le plus élevé du monde, a recruté quelques-uns des plus grands génies de la planète pour fonder une société chargée de résoudre des crises urgentes et d'ampleur considérable, de celles que même la CIA ne parvient pas à régler seule. Inadaptés socialement, ils apprennent ensemble à vivre en communauté, à dépasser leurs peurs, leurs phobies et à vaincre leur solitude...
Avec Elyes Gabel (Body Of Proof, Game Of Thrones), Katharine McPhee (Smash), Robert Patrick (X-Files, The Unit, Terminator 2, True Blood), Eddie Kaye Thomas (American Pie, How To Make It In America), Jadyn Wong (Cosmopolis, Erica Strange), Ari Stidham (Huge), Ernie Hudson (Oz, SOS Fantômes, The Crow)...
Le pilote de Scorpion m'a littéralement é-pui-sé ! Et ce pour une raison très simple : il est rempli d'action, de rebondissements, il est bavard, très bavard, presque schizophrénique tant il oscille entre plusieurs tons, et il parvient à installer chacun des sept personnages principaux avec une aisance incroyable. On ne peut pas respirer une seule seconde, pas de répit, jamais. C'est déstabilisant mais payant. Moi qui ne suis pas du tout client des procedurals de CBS, j'y ai trouvé mon compte. C'est hyper moderne, peut-être trop pour le public de la chaîne, et c'est bel et bien un "The Big Bang Theory" du drama, comme il avait été présenté lors de son achat. D'ailleurs, le héros est un peu Sheldonesque par moment. C'est ce qui le rend aussi drôle qu'attachant. J'ai l'impression d'avoir déjà tout dit en un paragraphe, mais je vais essayer de creuser...
La scène d'ouverture, spectaculaire et d'une grande beauté, est un flashback se déroulant en Irlande dans les années 90, nous montrant comment une unité d'élite du Gouvernement Américain a débarqué dans une ferme isolée au milieu des vallées pour arrêter un petit garçon d'une dizaine d'années qui avait réussi à hacker le système informatique de la NASA ! Et ce petit garçon, 22 ans plus tard, est notre héros. Figurez-vous que ce génie existe, de même que la société qu'il a fondée et qui est au coeur de la série. Je ne sais pas s'il a vraiment été exposé à un cas comme celui de ce premier épisode -je n'espère pas, ce serait très inquiétant- mais la question de la crédibilité de ce que l'on nous montre est inévitable. A plusieurs reprises, je me suis dit qu'ils allaient un peu trop loin dans leur délire. Mais ce n'est pas si gênant que ça au fond tant que le divertissement est efficace. Et assurément, il l'est. Je vous explique : la team est approchée par la CIA, représentée par l'Agent Cabe Gallo, pour venir en aide à la tour de contrôle de l'aéroport international de Los Angeles (LAX) dont le système informatique vient de crasher, menaçant de faire se crasher une dizaine d'avions sur le territoire américain dans les trois heures. La course contre la montre commence donc et nous entraîne dans des aventures spectaculaires, ave tour à tour une scène incroyable -et peu crédible- sur une piste d'atterissage, ou une autre avec deux des membres de l'équipe coincés dans une pièce top-secrète dont le système de sécurité s'enclenche, lequel consiste à se remplir d'eau au fur et à mesure... Quand je vous dis qu'il y a de l'action, je ne vous mens pas ! Avec Justin Lin, réalisateur de plusieurs opus de Fast & Furious, tout porte à croire que ça aura de la gueule.
Mais si Scorpion se contentait de ça, ce ne serait pas suffisant. Il s'avère que la série a aussi pour vocation de faire du feuilletonnant avec ses héros. Ils ont tous leurs petits ou gros problèmes. Ils sont tous très différents, très spéciaux, dans leur rapport à l'autre, dans leurs angoisses. Ils sont tous atypiques et le scénariste a pris le parti d'en rire, d'en faire quelque chose d'assez léger. Résultat : on se retrouve avec un certain nombre de répliques tordantes et de situations improbables, et bon nombre de scènes qui privilégient l'humour. D'ailleurs, il faut attendre la 12ème page du script avant que le cas de la semaine ne soit présenté. C'est assez rare pour le souligner dans ce type de série ou ça se passe en général dans la première ou la deuxième scène. L'accent est vraiment mis sur les personnages. La séquence qui suit celle d'ouverture que je vous ai présentée plus tôt est Walter O'Brien au restaurant en train de larguer sa copine du moment de manière très inattendue et goujate à souhait ! La suivante nous présente l'équipe Scorpion sous l'angle de leur quotidien, au sein de l'entrepôt high-tech dans lequel ils vivent. L'un d'entre eux a oublié de payer la facture d'électricité et cela entraîne des dialogues savoureux. Puis l'on se retrouve dans le bar QG du héros, où une grande partie de l'action du pilote va se dérouler, aux côtés d'une serveuse au caractère bien trempé (Katharine McPhee) et son jeune fils, un petit génie en devenir, coupé du monde, avec qui Walter va se lier d'amitié et aider à avancer. Evidemment, il tombe un peu amoureux de la maman. La demoiselle ne se contente pas de faire d'être jolie, elle participe plus tard à l'action et rejoint plus ou moins officiellemment la bande au terme du pilote.
Je me dois de terminer cette critique dithyrambique sur l'aspect négatif de la série : les personnages qui savent tout sur tout, qui vous sortent des tirades mathématiques de trois mètres de long que vous ne comprenez pas... c'est lourd à la longue. Ca vous donne presque l'impression que l'on fait exprès de vous donner trop d'informations pour que vous ne puissiez pas vous rendre compte par vous même si ce qui se passe est possible, réaliste, logique. Et puis même si c'est assez original dans l'idée, l'agent de la CIA est totalement inutile. Il est spectateur de tout ce qui se passe, il n'intervient quasiment pas, sauf pour faire des remarques désobligeantes. Enfin, pas de cliffhanger en fin de pilote mais une scène un peu trop niaise à mon goût, vraiment pas percutante.
Scorpion a selon moi toutes les capacités pour devenir un gros hit pour CBS, elle réussit là où Intelligence a complètement échoué par exemple. C'est une série blockbuster qui requiert un budget conséquent pour ne pas être ridicule à l'image, qui peut faire un carton chez les 18/49 ans tant elle est moderne et incarnée par des héros un peu plus jeunes que la moyenne des autres programmes de CBS en dehors des comédies. Elle a vraiment beaucoup d'atouts, même si je réserve mon jugement sur le casting. Vu les beaux projets de la chaîne cette saison, elle va devoir se battre pour obtenir sa place...