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On continue les années 1980 avec encore un chouette millésime, rien que pour le chef œuvre de pop romantique "16 Lovers Lane" des Go-Betweens, l'équivalent austral des Smiths, moins lettré mais aussi moins crâneur. Le reste de ma sélection est essentiellement constitué des grandes formations ou artistes de l'époque : encore et toujours les Pixies, Sonic Youth et les inestimables Feelies pour l'Amérique; Morrissey, pour la première fois sans ses Smiths, My Bloody Valentine, Cocteau Twins, The House of Love et James pour une Grande-Bretagne sur-représentée mais aussi ultra performante. Enfin, habitués de mes tops, Nick Cave et ses mauvaises graines rejoignent leur cousins australiens des Go-Betweens, vainqueurs donc pour cette année 1988.
10. Cocteau Twins - Blue Bell Knoll
Ce disque marque pour moi la fin de la meilleure période du trio écossais entamée avec le bien-nommé "Treasure" en 1984. Après, le groupe s'aventurera dans des ambiances plus faciles et accessibles, y perdant au passage son aura mystérieuse, principale qualité de leur musique mystique.
9. Nick Cave & The Bad Seeds - Tender Prey
Un disque qui commence par un titre aussi immense que "The Mercy Seat" peut-il être mauvais ? Non, évidemment. La suite, forcément en deçà alterne les ambiances caverneuses ou plus paisibles. Le chanteur peaufine sa musique qui n'a jamais été aussi efficace. La preuve, les morceaux de "Tender Prey" sont de ceux qu'il rejoue le plus souvent aujourd'hui encore en live.
8. The House of Love - The House of Love
Là encore, la première chanson, "Christine", fulgurant classique éclipse quelque peu la suite. Ce premier album de la maison de l'amour, même s'il est sans doute de qualité moindre que le suivant garde le charme maladroit des premiers rendez-vous.
7. Morrissey - Viva Hate
Cette fois-ci, ce sont deux morceaux, les parfaits "Everyday is like Sunday" et "Suedehead" qui nous font dire que sans ses anciens acolytes, le Mozz ne perd rien de sa superbe. Il faut dire qu'en troquant la guitare de Johnny Marr par celle de Vini Reilly de The Durutti Column, il reste toujours aussi bien accompagné. Manchester forever.
6. My Bloody Valentine - Isn't Anything
Bien sûr, le son de ce premier disque de My Bloody Valentine n'est pas si travaillé que sur "Loveless". Kevin Shields, masochiste de studio, prouve pourtant déjà sa pathologie. "Isn't Anything" a un son qui ne ressemble qu'à lui, un peu comme ces reclus qui vivent dans un désordre dans lequel eux seuls peuvent se repérer. Mais, nous, pauvres êtres ordinaires, ne demandons qu'à nous y perdre.
5. The Feelies - Only Life
Vous trouvez les guitares de REM pas assez dynamiques ? Les Feelies sont peut-être le groupe qu'il vous faut. Après l'indispensable "The Good Earth" produit par Peter Buck, guitariste de REM - tiens, tiens, "Only Life" revient aux sons des débuts, c'est-à-dire les fameuses guitares épileptiques. On retrouve aussi une reprise du Velvet, "What Goes On". Pas vraiment une surprise, les Feelies en sont les dignes descendants mais dans une version plus campagnarde. Comme quoi, Hoboken, ce n'est déjà plus New-York.
4. Pixies - Surfer Rosa
Voilà, quatrième disque sur quatre classé dans mon top 10 albums de fin d'année pour les Pixies, la boucle est bouclée. Et c'est celui qui m'attire le moins. Parce qu'il n'y a pas encore la dynamique des suivants. C'est leur disque le plus brouillon et bourrin. Mais je pinaille car rien que pour des chansons éternelles comme "Gigantic", "Where Is my mind ?" et bien d'autres, "Surfer Rosa" et sa légendaire pochette mérite largement sa place ici.
3. James - Stripmine
Je n'ai jamais compris pourquoi tout le monde considère les meilleurs albums de James comme ceux parus au début des années. "Stutter" et "Stripmine" sont les seuls que j'arrive encore à écouter. Un signe, non ?
2. Sonic Youth - Daydream Nation
"Daydream Nation" est un disque monstre, labyrinthique, aux morceaux rock exigeants. Une version longue de leur précédent "Sister" plus pop et mélodique. Tout l'univers du groupe est là, brillamment résumé. Dans un monde parfait, il aurait décroché la timballe en lieu et place de "Nevermind". "Teenage Riot" est quand même bien supérieur au "Smells Like Teen Spirits", non ?
1. The Go-Betweens - 16 Lovers Lane
Voilà un des plus grands chefs d'oeuvre de l'histoire de la pop. Au même titre que ceux des années 60 ou presque. Les délicats Australiens achevaient leur première carrière - ils se reformeront plus d'une décennie plus tard - de la plus belle des manières qui soit. Grant McLennan, l'un des deux songwriters nous a quitté il y a quelques années et c'est toute une vision romantique de la pop qui est devenue orpheline. The Go-Betweens ou entremetteurs portaient si bien leur nom...