L’analyse d’un des auteurs, le Pr Bierman, Professeur de Geologie à l’Université du Vermont est que les températures mondiales promettent d’être bien plus élevées que celles connues durant les périodes interglaciaires les plus chaudes. Et que si la couche de glace du Groéland n’a pas disparu à l’époque, si le réchauffement se poursuit sur la tendance actuelle (voir courbe ci-contre), la calotte glaciaire ne survivra pas. Or la fonte de cette calotte, composée de plus d’1 million de km2 de glace produire assez d’eau pour élever de 7 m le niveau des mers.
Les chercheurs pensaient que les glaciers fonctionnaient un peu comme d’immenses ponceuses, raclant l’ensemble de la végétation, le sol et même la couche supérieure du substrat rocheux. Ils ont donc été très surpris à la découverte de cet ancien paysage de toundra conservé sous 3 km de glace.
Une découverte qui suggère que même pendant la période la plus chaude depuis la formation de la glace, le centre du Groenland est resté stable. La glace n’a pas complètement fondu, préservant ainsi le paysage de toundra malgré des millions d’années de réchauffement et de refroidissement.
Le Groenland était vert il y a des millions d’années : L’analyse de la concentration dans le sol d’un composé radioactif, le béryllium-10, qui se forme à l’exposition aux rayons cosmiques, tombe du ciel et colle à la roche et au sol suggère que le sol avait exposé à la surface entre 200.000 et un million d’années avant d’être recouvert par la glace. L’analyse de l’azote et du carbone qui auraient été laissés par les végétaux suggère que le paysage préglaciaire était une toundra partiellement boisée. Lorsque les chercheurs comparent ces concentrations à celles relevées dans un pergélisol de toundra du nord de l’Alaska, ils aboutissent à des valeurs très proches.
Le Groenland est un terrain d’étude stratégique, pour les scientifiques et les décideurs politiques car la stabilité future de son immense calotte glaciaire, sous le coup du changement climatique lié aux activités humaines, aura une influence fondamentale sur l’évolution des niveaux des mers. Pouvoir prévoir voire modéliser le comportement de ces immenses glaciers avec les différents scenarii de changement climatique est donc primordial.
Source: Science (In Press- via University of Glasgow) Preservation of a Preglacial Landscape Under the Centre of the Greenland Ice Sheet (Vignette
Michael Morrison, GISP2 SMO, University of New Hampshire)