Au début des années 80, aux États-Unis, le journaliste Robert Satloff, étudiant son métier à l'université Duke, entend parler d'un certain Frazier Glenn Miller, grand chevalier du Ku Klux Klan de la Caroline. Miller dirige un camp d'entraînement paramilitaire dans une zone rurale de la Caroline du Nord.
N'en croyant pas ses oreilles, que des organisations ouvertement racistes, soient établies à moins d'une heure de grandes entreprises et universités, Satloff sollicite une entrevue auprès de Miller. Ce dernier accepte mais à la condition que Satloff ne soit pas juif, ni noir et qu'aucune de ses deux races ne soient représentées pendant l'entrevue. "Nous ne sommes pas des gens qui favorisent la diversité" lui expliquera-t-il.
Robert Satloff est juif. Il se fait donc couper les cheveux en brosse et porte une croix chrétienne au cou. Pour faire bonne mesure, il se fait faire une fausse carte de presse au nom de Robert Statler Jr et demande au photographe Shep Moyle de l'accompagner. Moyle est blond, a une belle gueule au nez fin et est tout ce qu'il y a de plus aryen.
Shep Moyle, le photographe (qu'on a forcé à ranger son appareil) poursuivra l'entrevue à sa place. Miller lui confessera, le voulant complice, "Je parie que ces juifs ne se mêlent pas à vous n'est-ce pas?".
Vers 17h30, ils étaient tous les deux expulsés.
Ils allaient publier un article sur Glenn Miller et son Ku Klux Klan le 15 avril 1981, attirant l'attention des autorités sur cette vision absurde qui se rapproche du point de vue d'une certaine France d'aujourd'hui. Cette organisation de défense et de lobbying des intérêts et des préjugés des éléments traditionalistes et xénophobes par des blancs protestants se revendiquant de la communauté ethnico-religieuse et en appelant de la suprématie blanche, telle qu'interprétée dans la Genèse (9:27) ainsi que dans les doctrines racistes de l'anthropologie du XiXème siècle.
33 ans passent.
33 ans où ni Miller, ni Satloff ne coucheront sous la même lune.
Miller, dans les années 80, passe 3 ans en prison pour port d'armes illégal et pour avoir ouvertement déclaré vouloir tuer le fondateur d'une association de surveillance de l'extrême droite prônant la haine, qui l'avait ciblé. On l'avait libéré en échange d'un rôle de mouchard dans son organisation.
Miller signe aussi régulièrement, sans honte, son passage sur des sites internet antisémites. Il a publié The Aryan Alternative en 2005. Il s'était présenté aux élections sénatoriales de sa région en déclarant à la radio que les juifs étaient tous idiots et que Hitler aurait créé un paradis sur terre pour les blancs en 1984, 1986, 2006 et 2010.
Finissant dernier chaque fois et récoltant un rassurant 7 votes (sur 1 943 875 votes) lors du résultat de 2010.
Dans un autre livre, lancé plus récemment, Miller souhaite voir le sang des ennemis inonder les rues, les rivières et les champs de la nation, pour une vengeance et une justice sacrée.
Le journaliste Satloff gagne sa vie comme journaliste sur ses 33 mêmes années et reste étonné, année après année, de la folie des Hommes.
Anciennement baptisé Miller, qui a légalement changé son nom, adoptant le nom évoquant la croix gammée nazie (ou celle du Ku Klux Klan) et qui permet de retracer moins facilement ses allées et venues.
Dans les buissons, embusqué, lourdement armé, il attendait pour inonder les rues du sang des ennemis.
Les idées ne tuent pas disent-ils.
Ça pollue sérieusement le moteur d'un crâne en tout cas.