Le Monde a pondu un éditorial (d’ailleurs non signé, hélas…) qui en dit long sur l’endroit d’où il sort : de trous du cul libéraux dominants, qui ne s’embarrassent ni de démocratie, ni d’humanisme, ni de valeurs de gauche. Et encore moins de préoccupations populaires :
"Tout le monde sait que la France vit au-dessus de ses moyens depuis quarante ans"
Cela pourra en irriter plus d’un. Toujours cette même antienne, cette fausse évidence reprise en boucle par des socialistes de droite comme par des homologues plus décomplexés sensés se situer de l’autre côté de l’échiquier… Alors, je vais vous dire : NON Mesdames, Messieurs, ce ne sont pas les français qui vivent au dessus de leurs moyens, mais une certaine caste détachée des réalités qui vit au dessus des nôtres, pour reprendre un tweet vu ce matin :
Et s’il n’y avait qu’eux… Là où celui qui a vomi ce papier sans substance analytique majeure n’a franchement rien compris, c’est que la dimension d’injustice sociale fondamentale n’échappe plus à personne, hormis aux éditocrates qui ne sont quant à eux pas payés au smic… Car enfin, qu’il s’agisse éventuellement de réduire les dépenses de l’état, pourquoi pas… (encore que ça se discute, rapport à l’impact sur le pouvoir d’achat, la croissance, la demande, tout ça…). Mais ce qui constitue la principale source d’incompréhension, c’est le message qui apparait devant tout un chacun, surtout quand on est moins politisé et informé que nous autres, qui nous y intéressons de près. D’un côté, des dizaines de milliards d’euros distribués aux entreprises sans grand discernement ni contrepartie, là où l’antériorité de l’observation dont on peut bénéficier sur le CICE démontre que cela a surtout servi à certaines entreprises à enrichir encore plus les actionnaires avec l’argent des contribuables. Un phénomène qui risque fort de se prolonger avec le pacte de responsabilité. Et dans le même temps, on demanderait aux français les plus modestes de se serrer la ceinture ? je veux bien entendre ces Cassandre nous seriner à longueur de journaux télévisés qu’il s’agit moins d’austérité que de rigueur, mais franchement, là, on nous prend pour des billes… ça fait une belle jambe aux fonctionnaires qui voient leur salaire gelé depuis de trop nombreuses années, sans autre contrepartie que l’intensification de leur travail et la pression des résultats. ça fait une belle jambe également aux retraités dont la pension de misère ne sera pas revalorisée. ça ferait rire très certainement aussi tous ceux qui perçoivent des prestations sociales gelées s’il n’avait les lèvres gercées…
Alors, quand le Monde cherche à nous faire pleurer dans les chaumières sur le rôle difficile et ingrat de Manuel Valls, on a le droit d’en rire. Et le devoir de se demander si en dehors du libéralisme orthodoxe et de l’austérité obligatoire, un autre monde est possible, qui soit un peu plus clément avec les plus modeste, et un peu plus exigeants, avec ceux qui ont déjà beaucoup.